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#AuxSons #ScèneFrançaise : Crise sanitaire, difficultés persistantes et limites du numérique

Si de nombreuses nouvelles formules ont permis de réinventer la manière de présenter la musique en 2020, des freins considérables bloquent encore l’élan de créativité dont ont fait preuve les professionnels de la #ScèneFrançaise. Sur quelles houles faut-il encore rouler pour que les créateurs, et tous les professionnels qui les hissent à la lumière, puissent enfin sortir la tête de l’eau ?

Avec les interventions de : 1. Colin Rigaud, bookeur et programmateur de Jaspir Prod (production, booking et diffusion) / 2. Jean Michel Journet manager de Wookaïï (management et édition) / 3. Jean-Christophe Delcroix directeur et programmateur du Tamanoir (salle de concert à Genevilliers – Hauts de Seine) /4. Frédéric Perrot Label manager, bookeur et attaché de presse d’Aurasky music (label et agence de services pour artistes) / 5. Raphael Vuillard directeur artistique du groupe lyonnais Bab Assalam / 6. Marine Thuilliez, chargée de communication et Sabiha Zabiteva, assistante de production et diffusion pour l’association socio-culturelle Dell’Arte (basée à Toulouse) / 7. Cendryne Roë directrice de Nomades Kultur / 8. Le Collectif Medz Bazar (groupe d’alternative-folk) / 9. Roch Amedet Banzouzi, comédien d’origine congolaise, cofondateur de la compagnie Punta Negra et de Drum’s Bantu / 10. Thomas Belet, programmateur et régisseur général du Festival Locombia (à Toulouse). 

 

Qu’allait-on faire dans cette galère ?

Colin Rigaud, bookeur et programmateur à Jaspir Prod, nous confie : « Notre plus grosse difficulté  a été de devoir nous séparer d’une personne au sein de l’équipe afin de maintenir la structure à flot. »

Roch Amedet Banzouzi, comédien et cofondateur de la cie Punta Negra et de Drum’s Bantu, témoigne de la détresse économique que peuvent subir les créateurs :  « Dans la situation actuelle, les artistes étaient plus occupés à chercher comment vivre et comment faire vivre leurs familles car tout était bloqué, confiné dans nos pays, (Cameroun, Congo Brazzaville…), avec des condition dramatiques d’une violence inouïe, le coeur n’était pas à l’élaboration des nouveaux concepts pour exister. Car même si on se rue sur la toile, les connexions internet laissent encore à désirer et coûtent chers. La situation de précarité ne le permet pas… »

Une détresse économique qui s’est aussi ressentie en Colombie. Thomas Belet, programmateur et régisseur Général du Festival Locombia a « lancé une cagnotte de soutien aux artistes de San Basilio de Palenque qui nous a permis d’envoyer plus de 1000€ au Colectivo Kucha Sutó afin de soutenir ce village artistique de premier plan avec lequel nous entretenons de forts liens depuis de nombreuses années. »


Le couvercle bas et lourd de l’incertitude

L’incertitude embrume l’horizon et alimente le spleen. L’Association Dell’Arte en témoigne : « Nous ne savons pas où nous allons. Il est difficile de se projeter, de concrétiser les idées, car à tout moment, tout est annulé. Au fur et à mesure que nous subissons la crise sanitaire, il devient compliqué de trouver la force pour se mobiliser et continuer à créer des projets, de garder le moral face aux mesures sanitaires imposées. Sans parler du coût que cela implique… »

Même constat pour Cendryne Roë, directrice de Nomades Kultur :  » La plus grosse difficulté pour nous pendant cette crise sanitaire est le manque de visibilité. On navigue à vue depuis maintenant un an, et on passe beaucoup de temps à déconstruire tout ce que nous avons organisé avec tant de passion ! Nous prenons des risques en permanence, au point où nous hésitons maintenant à nous engager sur des projets avant l’été, qui risquent d’être à nouveau annulés ou reportés.  Cette stratégie du stop & go est très éprouvante car nous ne pouvons pas arrêter totalement « la machine » afin d’être prêts à redémarrer. Nous préférerions une annonce claire,  un coupure franche mais une visibilité annoncée. »

Pour Thomas Belet, programmateur et régisseur général du Festival Locombia :   » Les changements permanents des règles sanitaires nous ont obligés à revoir entièrement la programmation du Festival à quatre reprises, sans toutefois que nous baissions les bras ! Il nous a fallu à chaque fois réfléchir à des modifications de programmation, à des adaptations de lieux et de dispositifs, sans jamais être sûrs que les événements pourraient avoir lieu… et le second confinement est finalement arrivé moins de deux semaines avant le début du Festival alors que nous venions de recevoir les programmes imprimés. »

C’est aussi ce que constate Raphael Vuillard, du groupe Bab Assalam : « Rien n’est anticipé, à 3 jours d’une date nous ne savons souvent pas si elle est maintenue ou non. Un abattement, une grande lassitude nous envahit donc et une peur de l’avenir car nous entrons dans une société du tout sécuritaire où les libertés individuelles et collectives sont piétinées chaque jour un peu plus. La plus grosse difficulté est donc de tenir mentalement, devant une crise plus politique que sanitaire. »

Selon Jean-Christophe Delcroix, directeur et programmateur de la salle Le Tamanoir, le plus lourd fardeau est aussi  » l’impossibilité de se projeter, le changement incessant des directives gouvernementales, la difficulté parfois de leurs interprétations, l’inégalité de traitement subie par les acteurs de la culture, le manque de confiance dans notre capacité à pouvoir accueillir des publics de manière responsable avec des protocoles sanitaires adaptés…. ! »

 

Le numérique ne remplacera jamais la rencontre en live !

Selon Frédéric Perrot, Label Manager à AURASKY MUSIC « Le nombre de streaming a énormément baissé depuis la crise sanitaire et nous avons très peu de téléchargements payants, la grosse difficulté étant de motiver nos artistes sur leur travail de communication avec les réseaux sociaux et de s’ouvrir à d’autres réseaux comme TikTok ou Instagram qui nous semblent indispensables à l’heure actuelle, et également de les convaincre de faire plus de Live Stream pour générer des droits SACEM. »

Idem pour Jean-Michel Journet de l’agence WOOKAÏÏ : « Nous voyons à quel point le streaming ne permet toujours pas de rémunérer toute la chaîne de valeur et les artistes. »

Même si le festival Locombia a pu maintenir un lien avec son public via ses DJ sessions retransmises en direct, « En tant que défenseur de la rencontre entre des publics et des artistes » le programmateur Thomas Belet a hâte de retrouver le public « en chair et en live ».

Pour Bab Assalam, L’autre côté du Monde prod, « La base de notre métier est d’inventer, de créer, d’imaginer. Qu’aujourd’hui on nous demande de nous réinventer est odieux et abjecte, car c’est notre quotidien. Tout ce que l’on a essayé a de toutes façons été annulé. Nous refusons le concept du Live-vidéo, nous faisons du spectacle vivant, pas du cinéma ! »

Le Collectif Medz Bazar acquiesce : “ Nous adorons la scène et le rapport avec le public. Pour nous, rien ne remplacera jamais le live !”

Jeudi 4 mars 2021 (©Archives / MAM / actu Paris)

La culture est en danger, rebranchons-la !

Aujourd’hui, les professionnels de la culture se mobilisent à l’approche d’un bien triste anniversaire : un an de confinement pour la culture, cela signifie que les artistes, auteurs et créateurs ne peuvent plus pratiquer leur métier, ni vivre de leur art. L’interdépendance de leurs activités entraîne un effet domino préjudiciable pour l’ensemble des secteurs créatifs.

Jeudi 4 mars 2021, le monde de la culture a manifesté à Paris de place de la République à Madeleine, suite à un appel unitaire des organisations du spectacle. La culture est notre bien commun, défendons-la !

 

#AuxSons #ScèneFrançaise, une série en 3 épisode :

 

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