Francisco de los Heros est plus connu sous le pseudonyme Vudufa dans la musique électronique expérimentale et sous le nom de Pounda dans la scène hip hop de son pays, le Pérou.
« Cette sélection de 10 titres reflète une partie de mes préférences musicales et des sons qui m’accompagnent dans l’évolution et la consolidation de ma propre musique.
En tant qu’artiste né dans les années 80, j’ai vécu les évolutions dans la façon de découvrir de la musique. Dans les années 90, malgré toutes les limitations de l’époque comme l’absence d’internet, j’ai toujours trouvé un moyen de découvrir quelque chose qui m’impacte. Le marché pirate au Pérou a mis entre nos mains, bien que de manière très limitée, des joyaux musicaux qui ont changé ma façon de voir la musique. »
1. Juan Formel y los Van Van - Aquel que Baila Gana
« Dans les années 90, dans les quartiers de Lima, il y avait des fêtes appelées « Cubaneos », où les selectors locaux passaient les quelques exclusivités qu’ils pouvaient trouver sur le marché pirate limité. Heureusement, il y avait cette émission de Richard Morris sur Radio CPN. C’était diffusé vers minuit et je me réveillais pour enregistrer le programme sur cassette, c’est comme ça que j’ai découvert cette chanson. Dire que « Aquel que baila gana » est la seule chanson de Van Van que je pouvais inclure dans cette playlist est faux, car toutes ses productions sont incroyables ! Mais c’est l’une des chansons qui m’a le plus marqué, m’a fait découvrir la musique tropicale sous un angle expérimental, avec des instruments remarquables jouant chacun leur rôle, l’addition d’instruments à vent et de violons, un swing que jusqu’à présent je n’ai pas réussi à imiter. »
2. Juan Carlos Alfonso y los Dan Den - De Todas Formas Van a Hablar
« Je ne le nierai pas, Dan Den est mon groupe préféré de salsa et de timba cubaine. J’aime 90% de leurs chansons, et ça me fait même mal de ne pas inclure des chansons comme “Lucy”, “El Que La Lleva la Lleva”, “Y Lo Tuyo Que”, “Pa Que Me Críticasé”, etc… Mais puisque je dois choisir, je playliste cette chanson magique, “De Todas Formas Van a Hablar” de leur premier album “Siempre Hay Un Ojo Que Te Ve” avec des arrangements de Juna Carlos Alfonso et la voix de Félix Santiago. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis arrêté devant le miroir pour me donner de la force en écoutant cette chanson, et je l’écoute encore plusieurs fois par semaine ! »
3. SNAP! - Rhythm Is A Dancer
« Avant de découvrir le Rap et le Dancehall, les cassettes de Dr Alban sont tombées entre mes mains. Ça m’a beaucoup marqué, mais pas autant que la puissance de l’Eurodance, notamment avec Snap et cette chanson ! Je n’ai pas eu la chance d’écouter de la house ou d’autres artistes de cette époque, c’est pour ça que je considère cette chanson comme mon humble initiation à l’électronique, avec “Mr. Vain” de Culture Beat. »
4. The Mexakinz ft. Xzibit - The Wake Up Show
« Mes débuts dans le Rap ont pris du temps. Quand j’ai décidé de faire du rap, je me suis nourri de nombreux groupes comme Beastie Boys, Wu-tang, Cypress Hill, … Même si ça n’est pas l’une des premières chansons qui m’a marqué, je l’ai choisie pour deux raisons. Premièrement, le beat est génial, et le beat était ma façon de faire du rap dès le premier jour. Deuxièmement, ce morceau montre comment des groupes d’origine latine pouvaient travailler main dans la main avec des gringos et faire des bijoux comme ceux-ci… Encore aujourd’hui, j’adore Xzibit et les Mexakinz ! »
5. General Grant - D Shot Call
(ndlr : titre disponible uniquement sur Youtube et Youtube Music) « Je me souviens de ce jour comme si c’était hier. J’étais chez un ami et mon ami Martin est venu nous chercher dans sa voiture. Il était le frère d’un des footballeurs les plus reconnus de mon pays, et il lui ramenait des trucs des États-Unis. A cette époque, il lui a apporté des mixtapes de Ragga Rap, et comme ce n’était pas tellement son truc, il me les a prêtées (je ne lui ai toujours pas rendu après plus de 30 ans…). J’y ai trouvé cette chanson, mais n’ayant pas de tracklist, je l’ai toujours écoutée sans en connaître le nom. Je ne l’ai trouvé qu’en 2018 ! »
6. Buju Banton - If Loving Was A Crime
« Grâce à la mixtape que j’ai évoquée précédemment, j’ai découvert de nombreux artistes dancehall comme Cutty Ranks, Shabba Ranks, Nardo Ranks, Ninja Man, Risto Benji, … Au fil du temps, j’ai réussi à me créer une collection de cassettes de ces artistes. La première cassette que j’ai reçue était “Till Shiloh” de Buju Banton, où il y a un de ses plus gros succès “Champion”, mais j’ai gardé deux chansons de cet album, celle-ci et “Complaint”, en collaboration avec le chanteur jamaïcain Garnet Silk. »
7. Buju Banton & Garnet Silk - Complaint
8. Outkast - Ms. Jackson
« Avec le thème de cette chanson, j’ai réalisé que le rap ne devait pas toujours parler de la même chose, mais que c’était en fait l’un des genres les plus libres pour s’exprimer, celui qui devrait avoir le moins de limites dans la composition. Actuellement je vois que les limites et les codes sont fixées par les courants mainstream. Il y a toujours cette facilité à suivre les formules, c’est le cas de nombreux rappeurs actuels à la mode, au moins sur la scène latine… Heureusement, il y a encore des héros qui le font par nécessité artistique ! »
9. Bailaras - Peru Negro
(ndlr : titre disponible uniquement sur Youtube et Youtube Music) « Tous les Péruviens, du moins sur la côte, grandissent en écoutant de la musique afro-péruvienne et de la musique créole à la radio, dans les clubs hérités de nos parents. En général, quand nous sommes petits, nous n’en profitons pas autant que les adultes, et c’était mon cas. De plus, on apprend à la valoriser, à la ressentir et à l’aimer quand on devient mature. C’est ce qui m’est arrivé, cette chanson est vraiment belle et très fraîche à tous les niveaux, des couplets au refrain en passant par la tonalité et l’ambiance général. Je pense qu’il ne manque que des synthés, mais ça reste de l’or pur. »
10. Eva Ayllon - Le Dije a Papa
« Dans mon pays, cette chanson est un hymne et c’est un hommage à l’un des plus grands, sinon le plus grand, Don Porfirio Vasquez. »
« J’ai le sentiment qu’il y a beaucoup de choses que je n’ai pas eu l’occasion d’inclure, surtout dans la musique actuelle. Cette rétrospective n’est peut-être pas la musique qui façonne celle que je perçois aujourd’hui, mais elle a façonné mon cœur et c’est de là que vient ma musique. »