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17 mars 2021
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Par Louise Jallu
#84
Playlist de Louise Jallu
#84

1. John Coltrane - Chim Chim Cher-ee

« Cette revisitation éblouissante d’un thème somme toute un peu suranné tiré de Mary Poppins, « Chim Chim Cher-ee » qui, sous les doigts de Coltrane et de Mc Coy Tyner (formidable rythmique irrégulière) nous envoit découvrir des contrées inouïes ! »

2. Astor Piazzolla - Buenos Aires Hora Cero

« Astor Piazzolla pour sa rage et son urgence intérieure, et ce thème « Buenos Aires Hora Cero » dans lequel il s’exprime dans une modalité élargie en s’affranchissant de la tonalité dans laquelle le tango était enfermé à l’époque. »

3. Charles Mingus - Pedal Point blues

4. Charlie Mingus - Fable of Fabus

« « Pedal point blues » du grand Charles Mingus, pour l’environnement clos si libre et inventif ! Et « Fable of Fabus », incontournable. »


5. Miles Davis - Porgy & Bess

« Gil Evans pour avoir écrit un chef d’œuvre d’un chef d’œuvre ! »

6. Thelonious Monk - Round About Midnight

« Thelonious Monk, « Round About Midnight », pour moi le plus beau thème du monde. Je ne m’en suis jamais lassée ! »

7. Michel Portal - Good Bye Pork Pie Hat

« Michel Portal pour cette revisitation sublime d’un thème déjà sublimissime. »

8. Georgy Ligeti - Continuum

« « Continuum » de Ligeti pour ses « trompes-l’oreille » époustouflants ! »

9. Bernard Cavanna - Messe un jour ordinaire

« Bernard Cavanna pour l’expression de la violence de notre monde, et avec tant de génie. »

10. Bartók - Musique pour cordes, percussions et célesta

« Bartók pour l’écorché vif, et cette composition si expressive. »

Louise Jallu

Louise Jallu ©sylvain Gripoix 2
Louise Jallu ©sylvain Gripoix

Avec plus de vingt ans de bandonéon dans les bras, Louise Jallu peut malgré son jeune âge légitimement s’estimer comme une musicienne accomplie. Il faut dire qu’elle a commencé à cinq ans, intégrant le réputé conservatoire de Gennevilliers, sa ville natale. La jeune fille grandit dans une famille mélomane – à la maison on écoute Monk, Bartók et Piazzolla – va trouver dans cette institution fondée par Bernard Cavanna matière à épancher sa curiosité pour le monde des musiques, tout en labourant de plus en plus profond le riche terreau du tango, une passion qui deviendra bientôt sa profession. Durant ses années d’apprentissage, elle bénéficiera
des leçons de grands pairs considérés parmi les meilleurs experts, notamment César Stroscio et Juan José Mosalini qui prodiguent à la prodige les qualités fondamentales pour se faire un son dans le cénacle du tango : connaître son histoire et maîtriser l’instrument, sans pour autant endosser la panoplie de la simple copiste.

C’est ainsi, mue par ce don d’ubiquité, cultivant tout à la fois un désir d’expérimentation tout en s’encrant résolument dans une longue tradition, que Louise Jallu va peu à peu affiner son doigté et affûter sa plume, afin d’affirmer son expressivité tant sur le bandonéon que sur la partition. Pour avoir de multiples mentors, citant parmi ses maîtres à jouer Anibal Troilo, Astor Piazzolla, Máximo Mori, ou encore Dino Saluzzi, la jeune femme n’en est pas moins une personnalité singulière dans un milieu longtemps considéré comme machiste.

Les temps changent, et cela s’entend. Pas même majeure, mais déjà titulaire de son diplôme d’étude musical et ayant glané le deuxième Prix de la catégorie bandonéon solo du Concours International de Klingenthal (Allemagne), elle décide d’ailleurs de fonder sa propre formation, Louise Jallu Quartet, tout en accumulant les collaborations en tout genre, auprès de la chanteuse grecque Katerina Fotinaki comme de Sanseverino, avec les jazzmen dont Claude Barthélémy et Claude Tchamitchian, sans oublier l’esthète argentin Tomás Gubitsch. Ces derniers seront conviés pour l’ambitieux projet Francesita, un double album qui la révèle au plus grand nombre : tout en convoquant ses arrangements de tangos d’Enrique Delfino, elle se propose d’évoquer les femmes victimes de la traite des blanches dans les maisons closes de Buenos Aires dans les années 1920. En solo comme en quartet, mais aussi en soliste avec l’Orchestre Nationale de Bretagne (« Sonatine Orchestra » de Bernard Cavanna), au travers de ses écrits (elle vient d’ailleurs de créer l’Edition bisonore dédiée à la composition du bandonéon), la bandonéoniste demeure fidèle à sa ligne de conduite émancipatrice des dogmes qui fixent la pensée : réinvestir les valeurs fondatrices de cette musique du Tout-Monde, pour la réinventer de plus belle. Le tango n’a-t-il pas dans son ADN ce nécessaire penchant pour l’oblique qui invite aux plus libres transgressions ?!

Jacques Denis

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