« Dans l’intimité de voix du monde ce sont quelques madeleines choyées parfois depuis fort longtemps qui dialoguent ici avec des découvertes et des coups de cœur récents, pour un voyage musical totalement subjectif à l’écoute de la sono mondiale, un itinéraire axé autour de voix en provenance d’horizons différents, même si pour bonne part issues de pays latins, de traditions ancestrales toujours bien vivantes à d’autres peu à peu redécouvertes, mais aussi de fusions, de métissages, brassages, et rencontres entre des musiciens intercontinentaux et des esthétiques musicales diverses. »
1. Châñt Élečtrónïqùe – A la mañita y al amanecer (vidala andina, San Juan) – [Rika Muzika – 2020]
Pour débuter, partons dans la Cordillère des Andes, dans l’ouest de l’Argentine avec une vidala aux origines incas, que le collectif multiculturel Châñt Élečtrónïqùe (Argentine/Bosnie-Herzégovine/Croatie/Irlande/France/Portugal) modernise magistralement.
2. Ann O’Aro – LAK OTAB – [Cobalt – 2024]
Ensuite, direction l’Océan Indien avec un très singulier maloya extrait de « Bleu », le tout dernier et 3ème album de la bouleversante chanteuse réunionnaise Ann O’Aro, qui, en plus des percussions traditionnelles jouées par Bino Waro, le fils de Danyel Waro, la plus grande légende vivante de la musique de l’Île intense, et de la profondeur majestueuse du trombone de Teddy Doris, continue de nous faire vibrer sur de nouvelles fréquences avec l’arrivée aux machines de Brice Nauroy.
3. Marta Töpferová – Limonero – [World Village – 2005]
Retour sur le continent américain avec le très calme et mystérieux « Limonero » de la chanteuse et cuatriste tchèco-américaine Marta Töpferová, qui est ici entre autres encadrée à merveille par la percussive harpe du colombien Edmar Castañeda.
4. Yorkston/Thorne/Khan – Chori, chori – [Domino Recording Co – 2017]
Ce très virtuose titre nous fait maintenant voyager en même temps sur deux continents, car il fusionne la voix et le sarangi de l’indien Suhail Yusuf Khan, au folk britannique du duo James Yorkston (Ecosse ; guitare) et Jon Thorne (Angleterre ; contrebasse).
5. Marina Herlop – La Alhambra – [PAN – 2023]
Direction l’Espagne maintenant avec une foisonnante composition extraite de « Nekkuja », le dernier disque à la sortie bien entravée par la pandémie de Covid-19, de la brillantissime musicienne catalane Marina Herlop.
6. Marion Cousin & Kaumwald – Mi carbonero – [Les Disques du Festival Permanent/Le Saule – 2020]
Restons en Espagne mais de l’autre côté du pays avec une romance ancienne originaire de l’inhospitalière région des Hurdes au nord de l’Estrémadure, que métamorphose la chanteuse française Marion Cousin avec l’aide du duo Kaumwald.
7. Train Fou – Hiver dans le bois – [autoproduction – 2023]
Dans ce titre composé par le leader du combo parisien de pop électronique tribale Iñigo Montoya pour son projet parallèle « Train Fou », un quatuor vocal féminin fusionnel mais inédit, en latin, nous ensorcèle en plein cœur d’une forêt de feuillus.
8. Ernst Reijseger & Tenore de Orosei – Libera me, domine – [Winter & Winter - 1999]
L’ensemble sarde Tenore E Cuncordu de Orosei occupe une place prédominante dans le vaste panorama des musiques traditionnelles de Sardaigne. Fidèles gardiens de l’héritage musical transmis par leurs aînés, ces maîtres de la polyphonie entretiennent la richesse du répertoire des chants sacrés tout comme pastoraux, et dans « Colla voche » ils osent quelques incartades en compagnie du surprenant violoncelliste hollandais Ernst Reijseger.
9. Daniela Pes – Ca mira – [Tanca Records – 2023]
Restons dans la lumineuse Sardaigne avec ce bluffant « Ca mira », titre d’introduction du premier opus de la musicienne Daniela Pes qui était cet été à l’affiche de l’édition 2024 du festival Les Suds à Arles. Dans « Spira », en compagnie du producteur sarde installée à Bologne Iosonouncane, elle déconstruit à sa manière la pop, notamment en brouillant les pistes en jouant avec trois langues (italien, gallurien et une langue imaginaire).
10. Sopa de Pedra – Breu VII. Mar – [Lovers and Lollypops – 2022]
Enfin pour terminer, retournons dans la Péninsule Ibérique mais au Portugal cette fois-ci, avec un extrait du dernier EP et véritable rituel païen de Sopa de Pedra, un ensemble vocal féminin plutôt « maximaliste » basé à Porto. Leur disque est conçu comme un objet de contrastes, à la fois lumineux, riche en atmosphères et en paysages, mais aussi tourné vers l’obscurité et la nuit, et où errent peurs et superstitions populaires résiduelles ou aujourd’hui disparues.