Le 4 février 1997, l’album La Llorona de Lhasa sortait au Canada. 25 ans après ce disque est devenu un classique et son interprète une légende dont ce sont là les tous premiers sillons. Lhasa de Sela, comme ses trois sœurs, a été élevée par des parents nomades et cultivés, père mexicain et mère américaine. Les voyages, les rêves, les dessins (la pochette est une de ses peintures), les contes sud-américains (La Llorona, la pleureuse, est un fantôme errant de tradition hispano américaine) et les chanteuses hantées (Billie Holliday, Chavela Vargas…) ont forgé son imaginaire et consolidé la totale implication de son expression. Chaque syllabe chantée est une émotion pure.
Pour ce disque, elle a trouvé le partenaire idéal, Yves Dérosières, guitariste et arrangeur hyper sensible, touché par sa grâce. Il a mis en musique ses mots et mélodies, les vieux airs qui la touchent et son univers tendrement triste et aérien. Il a déployé autour de cette funambule, des orchestrations de rêves circassiens, voyageuses comme le vent. La Llorona touche l’auditeur en plein cœur, le succès est immédiat et les emmène aux Francofolies de Montréal qu’ils envoûtent le temps d’un concert qui leur ouvre les portes du territoire français. Le disque, entièrement en espagnol, y sort le 2 avril 1998 et bouleverse rapidement un public sans cesse grandissant et à jamais fidèle.
A l’époque, Lhasa ne se dit pas ambitieuse pour elle-même, mais tient à ses chansons comme à la prunelle de ses yeux et sans calcul met toute son âme dans chacune d’entre elles.
Sur les deux autres albums, tout aussi précis et intemporels, The Living Road (2003) et Lhasa (2009), enregistrés avec d’autres compagnons de musiques avant la disparition prématurée de Lhasa en 2010, la même exigence est à l’oeuvre, la même grâce nous submerge.
Hommage de Radio Canada pour les 25 ans de La Llorona
