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#ScèneFrançaise #AuxSons : 3 questions à OUM

Originaire de Casablanca, Oum El Ghaït Ben Essahraoui s’est d’abord destinée à l’architecture avant de choisir d’embrasser une carrière dans la musique. Elle attire alors l’attention des médias, qui l’assimilent à la Nayda, mouvance de jeunes musiciens marocains attirés par les sonorités plus urbaines. Sortis au Maroc uniquement, les albums Lik’Oum (2009) et Sweerty (2012) la hissent au rang de star dans son pays. Un déclic important s’opère alors. L’autrice et compositrice commence à écrire pour la première fois en darija, dialecte courant arabe marocain. C’est pour elle la possibilité d’exploiter une nouvelle musicalité dans les mots, ainsi que de nouvelles combinaisons de sens, toute une poésie d’assonances. En 2013 elle sort l’album Soul of Morocco, suivi en 2015, par l’album Zarabi qui signifie « tapis » en arabe dialectal marocain (darija) et est un hommage aux tisseuses de tapis du village de M’Hamid El Ghizlane. Son dernier album Daba est sorti en 2019.

D’un point de vue artistique, comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?

« J’ai ressenti cette période de parenthèse spatiotemporelle imposée par la crise du covid comme un laboratoire émotionnel très intéressant à observer à l’échelle individuelle, communautaire et aussi globale.

Par ailleurs étant donné un certain aspect de « l’inconnu » qui plane sur l’avenir de nos métiers, l’envie, et le besoin qui se sont naturellement manifestés en moi étaient de créer un répertoire qui correspond et s’adapte à cette parenthèse. 

D’une part dans le fond, le contenu : à savoir, l’ensemble des émotions qui nous traversent quand soudain tout doit s’arrêter, se reformuler, cesser d’être, se transformer inévitablement, l’incertitude, l’inquiétude, le désir et la nécessité de s’améliorer au niveau de l’être, du comportement, des responsabilités, du faire valoir des droits de chacun…

Et puis d’autre part dans sa forme : un duo en compagnie de Carlos Mejias, musicien saxophoniste et producteur de sons électroniques (également membre de mon groupe avec qui j’ai réalisé l’album Daba).

Il me semble évident et légitime que l’artiste aujourd’hui tente de proposer plus d’une formule ou d’une expression unique. Se développer davantage artistiquement et intellectuellement en explorant plusieurs pistes, et en multipliant les réflexions et les recherches au niveau des sons et de l’écriture également. 

Initié pendant le confinement, notre projet « Haalaat » (traduisez « états ») est un concept expérimental qui décrit une série d’émotions ressenties pendant cette période et à travers lequel nous jouons le jeu de l’improvisation, et de la redécouverte de soi dans un contexte imprégné d’incertitudes mais où chacun doit trouver ses marques pour composer le présent, l’avenir. »

Avez-vous participé à des événements ou des initiatives pendant cette période ?

 

« Contrairement à bon nombre d’artistes, je n’ai pas donné de live concerts pendant le confinement, bien que j’aie répondu présente à l’appel de certains amis parmi eux pour participer à des vidéos collectives. J’ai par ailleurs participé au projet de chorale d’enfants initié par Radio France et le Ministère de l’Education Nationale dans le cadre de l’année de l’Afrique en France Africa 2020. Ayant été sélectionnée parmi quelques artistes africains pour représenter les cinq coins du continent, j’ai eu le plaisir d’écrire et de composer une chanson et d’en adapter une qui figure dans mon répertoire, pour les jeunes de neuf à quinze ans. Concernant mes projets personnels, j’avoue que j’avais besoin de recul, pour comprendre ce que je ressentais, ce par quoi j’étais traversée d’étrange, d’inédit, pour ensuite essayer de le décrire, de l’écrire, de le dire en musique. C’est l’étape dans laquelle je suis actuellement. »

Quel artiste de la scène française affectionnez-vous particulièrement ?

 

« J’apprécie plus d’un.e artiste français.e… Si je devais en citer une dont la voix m’accompagne en ce moment, ce serait sans hésiter Sandra Nkake. Une voix unique et une brillante musicienne active et engagée qui a su maintenir en effervescence son expression artistique dans plusieurs projets, notamment durant ces derniers mois, où nous tous.t.es avons besoin de garder espoir en la vie, en notre métier, en la musique. »

 

© photo : Georg Cizek-Graf

 

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