Autoproclamés depuis leur création comme un groupe d’Ukraine libre, les membres de Dakha Brakha s’organisent, depuis le début de la guerre engagée dans leur pays par la Russie, pour continuer leur activisme musical.
Depuis plus de dix ans, le groupe Dakha Brakha porte la culture ukrainienne à travers le monde, mêlant compositions originales et traditionnelles sur des arrangements acoustiques, inspirés des musiques actuelles occidentales comme d’autres civilisations. Depuis plus de dix ans, ils alertent l’opinion sur la menace russe.
En décembre 2013, lors de leur concert aux Transmusicales de Rennes, ils ont joué devant des vidéos des manifestations de la révolte de Maidan, survenue lorsque le gouvernement de leur pays (déchu en 2014) a rompu sa promesse de s’ouvrir vers l’Europe pour se rallier à la Russie.
Depuis des années les chanteurs et multi-instrumentistes de Dakha Brakha jouent la chanson Plyve choven (Un bateau navigue), « pour ceux qui défendent notre liberté » à chacune de leurs représentations et martèlent les slogans « Stop Putin ! » et « No War ! ». Le musicien Marko Halanevytch en a tiré un visuel qui illustre aussi leurs récentes vidéos sur YouTube et qu’ils essayent d’imposer aux plateformes de téléchargement, qui souvent les classent comme des artistes russes.
Dakha Brakha - Plyve choven (Un bateau navigue)
Revenu d’une tournée en Europe du Nord, ils donnent un concert à Kyiv (écriture ukrainienne du nom russe Kiev) le 24 février 2022, le lendemain à 5.00 la Russie commence son offensive, ce qui les obligent naturellement à annuler les dates suivantes.
Interrogé le mardi 3 mars par Laura van Straaten pour le New York Times, le groupe déclare que le risque encouru par cette guerre est que « les Ukrainiens disparaîtront en tant que nation et que la culture ukrainienne disparaisse », alertant plus loin : « Il est important de comprendre que ce qu’il se passe en Ukraine maintenant. Si vous n’arrêtez pas ce mal, c’est qu’il va se propager au reste du monde. »
Dans Le Monde du 7 mars, sous la plume de Patrick Labesse, on apprend qu’à l’exception de Nina Garenetska et la manageuse Iryna Gorban restées à Kyiv, Iryna Kovalenko a rapidement rejoint sa famille à Seattle, Olena Tsybulska et Marko Halanevych ont rejoint l’ouest du pays.
De son côté, le dramaturge et initiateur de Dakha Brakha et de la troupe féminine Dakh Daugthers, Vlad Troitskyi a écrit ce vendredi 4 mars dans le journal qu’il tient sur le quotidien Libération depuis le début du conflit : « J’ai réalisé que je serais bien plus utile à mon pays si avec les Dakha Brakha et les Dakh Daughters nous commencions à présenter des spectacles d’anti-Poutine anti-guerre en Europe et en Amérique… ». Il a organisé un convoi de 3 voitures pour rejoindre la France où la directrice du centre dramatique national de Normandie à Vire est prête à les accueillir. Dimanche 6 mars à 17h56, il indiquait qu’après trois jours de voyage ils étaient arrivés à la frontière hongroise et terminait son papier en déclarant : « Nous ne sommes pas en train de fuir. Nous allons constituer notre propre front, l’art-front. »
Le papier de Laura van Straaten sur le New York Times
Le papier de Patrick Labesse sur Le Monde
Le journal de Vlad Troiskyi sur Libération