Le groupe DakhaBrakha (donner et recevoir en ukrainien), s’est formé en 2004 à l’initiative du scénographe de théâtre d’avant-garde et directeur du Centre d’Art Contemporain Vladyslav Troitskyi. Il met au défi les trois ethnomusicologues et chanteuses Nina Garenetska, Olena Tsybulska, Iryna Kovalenko et Oleksandra Harbuzova et au comédien et philologue Marko Halanevych d’expérimenter autour des musiques traditionnelles de toutes les régions d’Ukraine, afin de redonner, en toute liberté, une modernité inventive à des répertoires en train de disparaître. Les trois chanteuses connaissent bien ces musiques qu’elles collectent et harmonisent ensemble depuis les années 90, en utilisant une technique vocale des Carpates.
Défi relevé, le groupe s’enquiert d’instruments, Nina Garenetska trouve un violoncelle dans les accessoires du théâtre et l’accorde d’une façon unique mais qui convient à leur musique, Marko se met à l’accordéon et affine son chant auprès des trois femmes. Ils commencent à collectionner des percussions venues du monde entier, djembé africain, tambours sur cadres orientaux, tablas indiens ou taïko japonais.
Aux sonorités typiques des origines de leur instrumentarium se mêlent des influences les plus variées, mais bien digérées : minimalisme à la Philip Glass, blues, jazz, punk rock, hip-hop ou musiques électroniques.
Pour monter sur scène, Marko revêt une tunique noire et les trois femmes de longues robes blanches de mariées ou noires, telles des veuves et d’impressionnants chapeaux de laine de moutons noirs, inspirés des cosaques.
Au début DakhaBrakha travaille exclusivement pour la compagnie théâtrale de leur mentor, puis commence aussi à se produire en tant que groupe indépendant. En Ukraine, les puristes grincent des dents en entendant ces chansons traditionnelles en ukrainien, dialectes régionaux voir en russe, dont il ne reste parfois que des bribes des mélodies originales ou des textes isolés de leur contexte, mais les jeunes ukrainiens aux oreilles ouvertes sur le monde y trouvent une réponse à leur soif de changement.
Peu à peu ils sortent de leur pays et impressionnent les publics internationaux comme au Womex en 2012, aux Transmusicales en 2013, au Womadelaïde ou à Glastonbury en 2016, mais aussi l’industrie du cinéma, qui choisit un de leur morceau pour la bande son de la série Fargo comme les publicitaire en charge de la promotion des cosmétiques Beckham.
Pendant la crise de 2013, opposant la Russie à l’Ukraine, DakhaBrakha porte le message des rues ukrainiennes en se produisant devant des écrans géants diffusants des images des manifestations.
DakhaBrakha est un groupe engagé, ils sont des ambassadeurs de la richesse culturelle d’une Ukraine indépendante, qui s’oppose au repli identitaire, aux discriminations et prône son attachement à la nature.
Après la sortie, au printemps, de leur cinquième album Alambari, DakhaBrakha devait revenir jouer leur étonnante musique cet été en France, notamment au festvial « Les Traversées Tatihou » qui du renoncer à son édition 2020 pour cause de mesures sanitaires.
Dans le cadre de la campagne Sacem de soutien à la #ScèneFrançaise, #AuxSons propose pendant tout l’été 2020 des portraits d’artistes de différents horizons.