Yann Cléry, flûtiste et chanteur guyanais que l’on a pu déjà apercevoir aux côtés de Mo’Kalamity ou au sein de Chlorine Free, se lance dans une aventure en solo, sobrement intitulé YANN SOLO. Rien à voir ici avec un space opéra, même si tel un Jedi, Yann manie avec dextérité sa flute laser et dompte habilement les machines qui l’accompagnent dans cette production musicale qui nous offre 12 titres d’exception.
Dès le premier morceau d’ouverture, il annonce la couleur par l’hymne Afropunk. Car c’est de là que viennent ses racines : afro dans l’affirmation de sa créolité, et définitivement punk dans l’âme et l’énergie qu’il déploie. La suite de l’album s’affine subtilement et s’affirme tout en nuances sonores. Reggae dancehall avec Starter sur lequel Queen Omega pose sa voix en invitée, french touch aux accents de pop électropicale avec des titres comme Eva qui parle de la filiation, French Accent ou Restons Bons Amis qui tournent en autodérision une arrogance bien française ou une séparation amoureuse, trip hop avec le sublime Kind of Blues, petit bijou digne des meilleures heures de Massive Attack, ou ragga-jungle avec Stop Racism et l’énergique Furious Dancehall. Des pérégrinations qui nous entraînent également dans un Voyage en Flutisie, car Yann est aussi un musicien de jazz accompli qui manie avec virtuosité son instrument, convoquant les éléments Eau et Feu, au cours d’interludes qui viennent ponctuer l’album ou s’adressant aux Vent et Lune pour conclure cet opus. Un disque conçu entre Paris et la Guyane et mixé à Londres dans un esprit sound-system avec de grosses basses à l’anglaise mises en avant et les voix traitées comme des instruments. A ranger quelque part dans sa playlist idéale, entre Asian Dub, Tricky, Dowdelin, David Walters ou Roots Manuva…