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Haïlé Sélassié & Bob Marley - Bob Marley Museum, 56 Hope road, Kingston Jamaica
Haïlé Sélassié & Bob Marley - Bob Marley Museum, 56 Hope road, Kingston Jamaica - © Mike Kerlee

L’homme est un loup pour l’homme

L’humanité n’en finit pas de s’entre-déchirer depuis toujours. L’éclatement le 24 février dernier de la guerre russo-ukrainiennne, considérée comme la plus importante qu’ait connue l’Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, illustre une fois de plus les querelles récurrentes opposant l’homme à l’homme.

Le propos ici - subjectif - voudrait relever quelques œuvres contemporaines d’artistes musiciens, compositeurs, lanceurs d’alerte. Leurs textes, rendent compte du drame des conflits et constituent des morceaux de mémoire de quelques guerres, notamment en Afrique.

 

POURQUOI LES GUERRES ?

Dans son ouvrage philosophique Léviathan ou Matière, forme et puissance de l’État chrétien et civil, publiée en 1651 à Londres, Thomas Hobbes est affirmatif : « L’homme est un loup pour l’homme. » Dans son analyse anthropologique, il réalise que c’est parce que les hommes désirent souvent les mêmes choses qu’ils s’attaquent les uns aux autres. C’est aussi par défiance, car l’homme n’a aucune confiance en son voisin, et pour soi-disant assurer sa sécurité, il agresse son semblable. Le profit s’avère également une des raisons pour guerroyer et voler aux autres ce que l’on n’a pas. Hobbes évoque le caractère vaniteux, l’égo tapis dans l’âme de l’homo-sapiens. L’homme montre du muscle pour prouver sa force et inspirer le respect.

HK & Les Saltimbanks - L’homme est Loup

 

Sur son album Citoyen du Monde, publié en 2011, le texte de la chanson l’Homme est Loup de Kaddour Hadadi dit HK et les Saltimbanks, restitue l’esprit de cette analyse anthropologique et philosophique de Thomas Hobbes. Le slameur, rappeur, conteur dit ceci : « C’est toujours la même histoire, depuis que l’homme est l’homme, depuis que l’homme est loup, toujours la même histoire… De l’Homme des cavernes, jusqu’au loup des temps modernes, par la route de la soie et passant par l’Égypte ancienne. Toujours la même musique, toujours la même rengaine, toujours la même histoire, écrite à l’encre de nos veines depuis Christophe Colomb et ces trois caravelles… »

Depuis son Roubaix natal, HK construit une carrière de conteur d’histoires. Il se veut rêveur insolent, heureux de danser à contre-courant, aimant comme il l’affirme en chanson : « faire preuve d’irrévérence, mais toujours avec élégance. »

 

LA GUERRE POUR DOMINER ET SPOLIER

Les velléités d’expansion de l’empire colonial italien, conduisent Mussolini à envahir l’Ethiopie en Octobre 1935, le seul état non colonisé d’Afrique. Le 30 juin 1936, Haïlé Sélassié Ier, empereur d’Ethiopie en exil, prononce un discours, à la tribune de la Société des Nations (SDN) où siège son pays. Il interpelle l’Institution supra nationale et dénonce le viol de ses frontières impériales par l’Italie qui avait déjà effectué une première tentative en 1896 et avait perdu la bataille d’Adoua. La Société des Nations condamne cette invasion sur le bout des lèvres. Mussolini qui s’était allié à Hitler perdant de la deuxième guerre mondiale, est bouté hors d’Ethiopie. La SDN ayant échoué dans sa mission de maintien de la paix, à la fin de la 2° guerre mondiale, les puissances occidentales créent l’Organisation des Nations Unies en 1945.

Bob Marley & The Wailers - War

 

En 1963 le discours de l’Empereur Haïlé Sélassié à la tribune de l’ONU revient sur l’urgence d’éradiquer le virus des guerres dans le monde et martèle : « Tant que la philosophie qui maintient une race supérieure et une race inférieure ne sera pas discréditée et abandonnée, partout ce sera la guerre. » Bob Marley, Grand admirateur de l’Empereur d’Ethiopie mettra la substance de ce discours en musique dans War sur l’album Rastaman Vibration paru en 1976.

 

GUERRES de CESSESSION

Quand les puissances européennes se réunissent à Berlin du 15 novembre 1984 au 26 février 1985 pour se partager le continent africain, elles se constituent des colonies et tracent des frontières artificielles qui alimenteront de violents conflits un peu partout sur le continent après les pseudos indépendances africaines. Certaines des guerres civiles naissent aussi des désaccords entre dirigeants politiques ou des frustrations de quelques groupes se sentant lésés par le nouveau pouvoir central de leur pays.

La corne de l’Afrique, notamment le Somaliland, fut d’abord, depuis 1887, un protectorat britannique. En 1960, il fut intégré sans heurts à la Somalie indépendante, ancienne colonie italienne. Tout se passe globalement bien pendant deux décennies. Mais à partir des années 80, le régime militaire de Siad Barré commence une purge des clans auxquels il ne faisait plus confiance, notamment celui des Isaaq, majoritaires au Somaliland. Ainsi en 1991, les chefs de ce clan profitent de la guerre civile qui embrase la Somalie, s’arment, affrontent le pouvoir central et proclament l’indépendance du Somaliland. Un pays fantôme reconnu par aucune nation, pas même d’Afrique, mais avec qui tout le monde commerce, vu sa position stratégique sur les rives du Golfe d’Aden.

 Sahra Halgan Trio (Aymeric Kroll, Mael Saletes, Sahra Halgan) - Somaliland 

La carrière musicale de la Somalilandaise Sarah Halgan se voue entièrement à la cause de son pays. Ses compositions documentent les années de guerre mais clament également l’existence et la reconnaissance légale de sa patrie par ses paires.

 

PROSELITISME RELIGIEUX et POLITIQUE SE SERRENT LES COUDES

Dès son accession à l’indépendance en 1960, le Mali essuie une rébellion des populations Touareg du nord-est du pays de 1962 à 1964. Ce qui se reproduira quasiment à chaque décennie, jusqu’à la guerre du Mali de 2012 avec la guerre du Sahel - insurrection d’indépendantistes pro-Azawad puis de groupes salafistes djihadistes - et des rébellions touaregs contre l’État malien. Les troubles politiques se singularisent par l’entrée en scène en 2012 du mouvement Ansar Dine qui adresse un communiqué à l’AFP affirmant son combat pour un état islamique et l’instauration de la charia à l’ensemble du Mali.

Fatoumata Diawara et le collectif Voices United for Mali - Mali-ko” (La Paix)

Entre les rébellions, la prise des armes par le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), les coups d’état à répétions et le terrorisme djihadiste, le Mali est secoué par une violente fièvre que le collectif de 40 artistes réunis autour de la diva Fatoumata Diawara tente de faire tomber par le chant, en implorant les va-t’en guerre et les dieux de ramener la paix dans ce pays, héritier du grand Empire du Mandingue de Soundiata Kéïta.

Tant que l’homme ne cessera d’être un loup pour l’homme, ce sera toujours « la guerre à l’Est, guerre à l’Ouest, guerre au nord, guerre au sud, guerre, guerre, rumeurs de guerre », comme l’assène Bob Marley dans War.

 

 

Soro Solo

Soro Solo au festival Rio Loo
Soro Solo au festival Rio Loco

Soro Solo était jusqu’aux événements de 2002 un des journalistes culturels bien connus en Côte d’Ivoire. Il a reçu  par deux fois le prix Union Nationale des Journalistes de Côte‑d’Ivoire (UNJCI) qui récompense le meilleur journaliste du pays (prix Ebony, 1993 et 1994).

Son approche pédagogique et sa quinzaine d’heures d’antenne hebdomadaire des années durant ont fait de lui un homme de radio plébiscité dans son pays.

Son émission « le grognon », libre-antenne où les citoyens appelaient pour se plaindre des dysfonctionnements et autres malversations qui sclérosaient les services publics, lui valut une grande estime populaire (cf. portrait dans les pages Médias de Libération, janvier 2000).

Découvreur de talents, Soro Solo a accompagné l’ouverture de l’Europe aux musiques africaines. Il réalisa notamment le premier enregistrement d’Amadou et Mariam à Abidjan en 1988.

Il fit partie de ceux qui lancèrent avec enthousiasme la première cassette de Tiken Jah Fakoly (Victoire de la musique 2003) sur les ondes de Radio Côte‑d’Ivoire.

De Ray Lema à Salif Keita en passant par Manu Dibango, Toots and the Maytals, Jacques Higelin ou Pierre Akendengué, tous les grands musiciens ayant fait escale à Abidjan sont passés dans son studio.

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