Cet article a été écrit pour Music In Africa. #AuxSons l’a traduit en français dans le cadre d’un partenariat média.
Le Lesotho est fier de son héritage de musique traditionnelle. Bien que la force de la musique traditionnelle du Lesotho réside généralement dans les chants expressifs et dynamiques accompagnés de polyrythmes et de danses complexes, il existe également un certain nombre d’instruments traditionnels devenus synonymes des sons du folklore basotho.
Ces instruments sont joués par des musiciens de tout âge et de tout sexe, mais historiquement dépendent de la disponibilité des matériaux nécessaires à leur fabrication.
Certains instruments ne pouvaient être fabriqués, et joués, qu’à certaines périodes de l’année, tandis que d’autres étaient fabriqués pour être joués toute l’année et pour résister aux conditions climatiques changeantes.
Dans ce contexte, deux instruments principaux ont émergé pour caractériser le son de la musique traditionnelle basotho. Cet article donne un aperçu des instruments de musique traditionnels du Lesotho, notamment du lesiba et du mamokhorong.
Le lesiba
Le lesiba est considéré comme l’instrument de musique national du Lesotho.
Également connu sous le nom de « gramophone du berger », cet instrument unique est officiellement classé parmi les instruments à vent à cordes.
Le lesiba se compose d’une plume aplatie attachée à une longue corde faite en tendon, elle-même tendue sur un bâton dur. Le bois sert de surface de résonance pour la corde. Cependant, à la différence de la plupart des instruments à cordes, le lesiba a ceci d’unique que ses cordes ne sont pas pincées, arquées ou frappées de quelque manière que ce soit, mais qu’elles résonnent dans la bouche du joueur. Lorsque le musicien place ses mains autour de la plume et inspire ou expire contre elle, la corde vibre contre le bois et crée le son distinctif de l’instrument. Les techniques de vocalisation permettent de créer des harmonies dans une gamme limitée, bien qu’émotive.
Bien que d’apparence assez simpliste, le lesiba peut être difficile à jouer et est souvent décrit comme un instrument de musique « personnel ». Si deux joueurs partagent le même instrument, ils ajusteront chacun la plume, et serreront ou desserreront la corde pour permettre à l’instrument de résonner selon les voix individuelles de chacun. Ces dernières années, les cordes - traditionnellement faites de tendon d’animal ou de crin de cheval torsadé - sont en nylon et fils métalliques fins. La plume de l’instrument peut être fabriquée à partir d’un certain nombre d’oiseaux, notamment de faucons, d’oies ou de hiboux. L’essentiel est de trouver une plume à la fois solide pour rester rigide et souple pour permettre les vibrations.
Bien qu’il soit de coutume que les garçons bergers Basotho jouent du lesiba pour leur propre plaisir ou pour calmer le bétail, l’instrument a été utilisé dans la musique populaire à quelques occasions notables. Letsema Matsela a utilisé le lesiba dans sa chanson de danse mohobelo « In the Time of the Cannibals », et la légende du jazz sud-africain Sipho “Hotstix” Mabuse a fait de même sur « Thaba Bosiu », qui figure sur son influent album Township Child de 1996.
Le mamokhorong (sekhankula)
Le mamokhorong, également connu sous le nom de sekhankula, est l’un des derniers venus dans le tissu de la musique traditionnelle basotho.
Cet instrument monocorde à archet, parfois appelé « violon à une corde », est généralement fabriqué à partir d’une boîte de conserve de 5 litres servant de résonateur. Une tige, ou un long morceau de bois, est insérée dans la boîte de conserve, et un fil est tendu entre l’extrémité de la tige et la base de la boîte. Le fil est ensuite joué à l’aide d’un archet par friction, et le joueur contrôle la hauteur du son en arrêtant les notes sur le fil entre son pouce et son index. À l’instar du lesiba, le mamokhorong est un autre instrument traditionnellement joué par les bergers pour se divertir, mais des musiciens comme Kabelo Makolometse ont considérablement contribué à la reconnaissance de cet instrument au sein de la musique basotho.
Il y a deux façons de jouer du mamokhorong : soit en tenant le résonateur au-dessus de la tête, soit en le tenant contre la taille avec la tige en équilibre sur les épaules. Le son produit par l’instrument est le même dans les deux cas, même si les techniques d’archet et d’arrêt diffèrent légèrement. Un archet en crin de vache ou de cheval est nécessaire pour la friction, et les joueurs l’enduisent de résine de pin, de goudron ou d’Euphorbia basutica (vingerpol).
Pour accorder l’instrument, il est nécessaire pour le musicien de comprendre le timbre et la portée de sa propre voix, et il lui arrive de presser et de bosseler les côtés du résonateur pour affiner l’accord.
Le son du mamokhorong a été comparé à celui d’un « violon fêlé » ou à une version métallique du masinko éthiopien. La taille, la forme et la qualité de l’étain influencent grandement le son de l’instrument, tandis que la taille de l’archet et la vélocité avec laquelle il est joué déterminent l’amplitude. À mesure que l’on joue de l’instrument, la résine de l’archet s’épuise progressivement, ce qui affecte également le son.
La musique composée par les musiciens de mamokhorong est généralement de forme circulaire, consistant en une structure répétitive couplet-refrain-couplet-refrain. Les chansons ont tendance à traiter de sujets d’actualité et d’expériences personnelles. L’instrument complète généralement la voix, ou substitue la mélodie à la voix, tandis que les joueurs les plus compétents intègrent le sifflement du serobele et la poésie de louange dans leurs performances.
Cet article a été écrit pour Music In Africa. #AuxSons l’a traduit en français dans le cadre d’un partenariat média.