Le 30 septembre dernier, la 36e Cour Pénale d’Istanbul a tenu une audience qui s’est conclue par la libération sous caution et sous contrôle judiciaire de la chanteuse Sultan Gökçek et de la percussionniste Bergün Varan, deux membres du collectif musical Grup Yorum.
Collectif de musiciens traditionnels, luttant pour les droits des peuples opprimés, Grup Yorum est une institution de la contre-culture turque, dont les membres se sont naturellement renouvelés au fil des décennies. Fondé en 1985, ils ont produit une vingtaine d’albums avec plus de deux millions d’exemplaires vendus.
Durant l’audience, Sultan Gökçek et Bergün Varan ont exprimé ne pas savoir pour quelles raisons elles étaient détenues depuis 10 mois. Selon le site Evrensel, elles furent arrêtées pendant un raid policier le 29 novembre 2019.
Les autorités turques ont fréquemment pris pour cible les membres de Grup Yorum, ces musiciens militants de la liberté d’expression et des intérêts des minorités. Au total, plus de 10 raids policiers ont été menés à l’İdil Cultural Center de Grup Yorum. Emprisonnés, deux membres de cet orchestre ont entamé une grève de la faim en juin 2019, qui fut fatale à la chanteuse Helin Bölek le 3 avril 2020 et, un mois plus tard, au guitariste İbrahim Gökçek, l’époux de Sultan Gökçek.
« Ça fait cinq ans que nous n’avons plus le droit de donner des concerts. Au cours des trois dernières années, pratiquement tous les membres du groupe ont été arrêtés. Comment un groupe de musique, qui existe depuis 35 ans, peut-il vivre ça ? » confie Bahar Kurt, un autre membre du collectif, à la journaliste Reyhan Hacıoğlu pour le site Ballast.
Le 13 mai dernier plus de 120 musiciens, chanteurs, comédiens, ingénieurs du son et cameramen grecs s’étaient réunis au pied de l’Acropole d’Athènes pour lancer un cri musical en soutien à Grup Yorum.
photo : Sultan Gökçek (à gauche) et Bergün Varan (à droite) - © Free Grup Yorum ! sur Twitter
