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Interview | Rencontre avec Wifa

Cet automne #AuxSons a fait un tour au MaMA, le rendez-vous incontournable des musiques actuelles à Paris, du 11 au 13 octobre. On y a rencontré Wifa, chanteuse et guitariste tunisienne aux accents tantôt pop, tantôt foIk, tissant des ponts entre les cultures qui l’habitent.


Comment est-ce que vous présenteriez votre musique à quelqu’un qui ne vous connaîtrait pas ?
Le premier mot qui me vient à l’esprit c’est le mot « mélange » , je fais une musique hybride entre l’orient et l’occident. Il y a des origines et des influences orientales mais aussi un côté électro pop.

Dans toutes ces influences qui ont forgé votre style, quels sont les artistes qui vous ont le plus nourri ?
Composer, c’est un processus naturel. Je pense qu’on est forcément influencé par ce qu’on a écouté enfant ou ado. Il y a des choses qui inconsciemment reviennent dans mes compositions et me rappellent certains enchaînements ou certaines mélodies. Dans mes influences on pourrait trouver Tracy Chapman, Bob Dylan, mais aussi Bob Marley, ou encore Fayrouz. On retrouve toujours ce mélange entre orient et occident.

Vous avez aussi des influences sud-américaines ?
Oui, je me suis beaucoup intéressée aux harmonies et à la rythmique de la musique brésilienne surtout, plus dans l’aspect recherche musicologique.
Et puis après je suis allée creuser un peu plus dans la variété arabe et dans la chanson arabe de manière générale, de ceux ou celles qui à un moment ont adapté ces style, avec des enchainements harmoniques et des rythmiques latino-américaine. C’est un sujet qui m’a beaucoup intéressé et peut-être bien que dans mes compositions il pourrait y avoir quelques morceaux qui rappellent un peu ça, toujours avec le mélange oriental.

Vous nous parlez de cette double culture entre la Tunisie, La France, l’Orient, l’Occident. Comment bâtissez-vous des ponts entre ces cultures et comment cela s’exprime dans votre musique ?
Je pourrais résumer ça avec le mot « rencontre » je pense que c’est très important de faire des rencontres artistiques, de sentir comment les titres pourront sonner avec un brésilien, un marocain ou un français. C’est de la recherche, on essaye de voir différentes façons de voir les compositions. Je ne cherche pas forcément à entendre de la musique traditionnelle orientale ou tunisienne même si elle est là, forcément, mais c’est ce mélange-là, ce côté hybride et ce métissage qui me plaît beaucoup.
Je suis toujours curieuse de voir comment sonneraient les morceaux joués par des personnes venant de cultures différentes. On prend pas mal de temps à faire les arrangements, et là, par rapport au premier EP, je suis allée un peu plus vers des sonorités électroniques mais aussi vers des instruments plus traditionnels. Le chemin continue toujours et on a envie de chercher et de développer autrement. Être dans différentes cultures et aller chercher différents styles musicaux.

Comment décririez-vous la scène musicale en Tunisie ?
Ça fait plaisir qu’il y ait de plus en plus de créativité, de projets et de propositions. Je trouve que c’est assez valorisé. Quand on défend un projet, on peut plus ou moins grimper les échelons rapidement. Aller vers des scènes de plus en plus grandes, s’ouvrir à plus de public. Avec toujours cette difficulté d’être en auto-production et de se battre pour aller partager la musique sur scène et avec du public.

Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos chansons ?
Il y a un peu de tout : de la famille, de l’amour, de la vie, du stress. De façon plus profonde, il peut y avoir des titres qui parlent plus ou moins de trahison, de parentalité, un peu de féminisme aussi. De manière générale, mes chansons parlent des soucis du quotidien. La musique, c’est sûr que c’est très libérateur. J’ai toujours été très agréablement surprise par le fait qu’on puisse partager des émotions sans forcément comprendre la langue. Ça a toujours été le moteur qui m’a poussé vers plus de partage de ce que je ressens, de mes émotions, mais aussi de sujets que je défends. Et même si on ne comprend pas ce que je défend, j’ai l’impression qu’on arrive à se connecter sans avoir besoin de trop traduire.

Revenons à vos débuts. Qu’est ce qui vous a donné envie de faire de la musique ?
C’était ma première jam au Silo Tigery (91). Je suis allée faire une scène ouverte, j’ai pris ma guitare et je suis allée chanter. Je parlais justement tout à l’heure de se connecter avec un public sans forcément parler la même langue. J’étais là, la petite tunisienne, j’ai fait deux chansons : guitare et voix. Et j’ai vu le public complètement avec moi et ça m’a bouleversée. J’étais très émue. Et ça m’a vraiment donné envie d’aller vers la scène et de découvrir ce que je peux y faire. Je suis dans la musique depuis longtemps mais plus dans un contexte académique d’enseignement. Et tout part de là, j’avais envie d’aller vers la scène pour communiquer plus.

Et que vous réserve l’avenir ?
L’album Louken qui est sorti fin mai 2023 me tenait énormément à cœur, c’est 100% mes compositions. Mais je suis allée vers une autre direction, j’ai envie de faire des featuring avec d’autres artistes, découvrir d’autres répertoires… Pourquoi pas composer à deux, pourquoi pas s’ouvrir à plus de paroles en anglais et en français. Je suis sur pas mal de « petits chantiers ». Rien n’est finalisé ou produit mais je vais dans cette direction-là pour la suite.

MaMA Music & Convention

Cet automne #AuxSons a fait un tour au MaMA, le rendez-vous incontournable des musiques actuelles à Paris, du 11 au 13 octobre. A suivre, retrouvez les interviews de Didi B, Witch Prophet, Aghiad, Startijenn, Mimi O’Bonsawin, Sukh Mahal et Marco Klarck !

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