« D’aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours questionné mon identité.
Mes parents iraniens, en exil forcé par les tourments politiques des années 80, sont totalement désenchantés.
Enfant, je dois donc me débrouiller pour comprendre le monde qui m’entoure.
Mes référents n’ont pas les clés et ont manifestement bien du mal à se reconstruire une réalité heureuse.
A la maison, c’est l’Iran qui existe : on se parle en farsi, on mange iranien et nous faisons famille comme on peut. Dehors, je suis français, tout du moins j’essaie de l’être. Pourtant mon visage, mon prénom, et tout mon intime est ailleurs.
Alors, j’observe, j’imite.
J’ai de la chance, j’ai des ami.e.s, qui m’adoptent, sur qui je peux m’appuyer et petit à petit, je me découvre et commence à exister par moi-même.
Le désenchantement a pris tellement de place chez nous, qu’il n’y plus que de la violence, de la tragédie et la vie devient si lourde qu’il me faut m’éloigner.
Alors, je me mets à écrire, à lire.
Je découvre la musique. Elle m’emporte tout de suite et je me laisse faire avec joie.
Je sors et je passe mon temps ailleurs, n’importe où mais ailleurs.
Les nuits sont longues et festives, je goûte à la vie noctambule et j’aime ça.
Aussi, la musique et les autres comme refuge font peu à peu de moi un individu multiple qui tente encore aujourd’hui de se réunir.
Je livre aujourd’hui ce deuxième opus sous mon nom : comme une affirmation.
Une pièce d’identité qui semble être surtout un joyeux bazar.
J’y laisse jaillir les couleurs perses de mon enfance avec lesquelles je vis avec bonheur aujourd’hui.
J’y ai mis aussi tout ce que je suis devenu, multiple, pluriel, nourri de mes rencontres artistiques et humaines du Maroc au Cap Vert, du Liban à la Guadeloupe, la musique faisant le lien, avec, toujours et à jamais : l’ivresse, la beauté, la liberté. »
Arash Sarkechik
