« Amha Eshèté vient de décéder. Il avait occupé une place cardinale dans l’expansion de la musique éthiopienne malgré les embuches. Et si aujourd’hui sur la planète cette musique urbaine si particulière a connu un bel écho, cela est dû en partie aux richesses sonores qu’il a suscitées et qu’ont, avec ténacité, densité des appareils critiques, passion, su à leur tour valoriser Francis Faceto et l’indispensable Gilles Fruchaux avec son label Buda Musique. »
Alèmayehu Eshété - Addis Abeba Bete - Ethiopiques, Vol. 9, Buda Musique
« Cinq semaines après Ali Tango (Kaifa Records), c’est au tour de notre ami Amha Eshèté (Amha Records) de quitter la grande scène de la musique éthiopienne moderne. Music lover absolu, pionnier solitaire de la production discographique dans son pays, jeune entrepreneur téméraire, activiste alternatif avant la lettre (tendance dandy combatif), gentleman hors-la-loi, Amha sut prendre le risque de passer outre un décret sur l’importation et la production de disques que l’empereur Hailé-Sélassié avait promulgué et qui réservait ces activités à un monopole d’Etat, lequel ne publiait aucun disque de musique moderne. « Intuitivement, j’avais la conviction que c’était ça qu’il fallait faire. Je pensais qu’on ne me tuerait pas pour ça. Peut-être, à la limite, je risquais un peu de prison… » Le catalogue Amha Records comporte plus de 100 références vinyles, publiées entre 1969 et 1975, l’essence même des goldies de la pop éthiopienne. Sa quasi-totalité a été rééditée dans la série éthiopiques. La pop éthiopienne est désormais gravée dans la pierre, partout. Sans Amha Records ni Kaifa Records, il n’y aurait pas eu d’Ethiopiques. Merci Amha. Merci Ali. Reposez en paix. »