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Spectacle vivant : Limoges, la ville qui révèle les talents africains

Théâtre, danse, musique… Jusqu’au 5 octobre, le festival des Francophonies présente des créations venues des quatre coins du monde, avec un accent particulier sur l’Afrique.

Par  (envoyé spécial Limoges)

Publié le 26 septembre 2019 à 10h36

Temps de Lecture 3 min.

« Cœur minéral », une pièce de théâtre de Martin Bellemare sur les conséquences désastreuses de l’exploitation minière.

C’est devenu une pépinière de talents africains émergents. Presque un passage obligé pour les jeunes auteurs, metteurs en scène et comédiens. Au fil des ans, le festival des Francophonies, dont la 36e édition donne rendez-vous, du 25 septembre au 5 octobre, aux cultures francophones des quatre coins du monde, a mis l’accent sur le plus jeune continent de la planète. Même si à l’origine, cette manifestation créée à Limoges par le metteur en scène Pierre Debauche (mort en 2017) se voulait une simple fête de la francophonie à travers le spectacle vivant (théâtre, danse, musique…).

L’événement a déjà révélé plusieurs artistes qui font aujourd’hui autorité en Afrique et ailleurs. Les hommes de théâtre Julien Mabiala Bissila et Dieudonné Niangouna (Congo-Brazzaville) en sont les exemples les plus récents. Mais il y en a bien d’autres, comme le Togolais Kossi Efoui, désormais exilé en France du fait de son opposition vigoureuse au régime de son pays. Et puis comment ne pas penser à la Camerounaise Were Were Liking, dont la carrière internationale a décollé à Limoges ? Elle y a fait ses premiers pas hors du continent à la fin des années 1980, avant de devenir une pionnière de la création contemporaine africaine avec son « théâtre-rituel » qui s’appuie sur les rites sacrés subsahariens. De même, si le Congolais Sony Labou Tansi et le Burkinabé Sotigui Kouyaté, acteur fétiche de Peter Brook (disparus respectivement en 1995 et en 2010), sont si connus en dehors de leurs frontières, c’est grâce au rôle joué par les « Francos ».

Vaudou et hip-hop

« Limoges est un lieu où l’on pense les questions francophones telles qu’elles se posent en Afrique », souligne le metteur en scène et comédien burkinabé Hassane Kassi Kouyaté, 55 ans, pour expliquer le rôle de « défricheur » de talents du festival, placé sous sa houlette depuis janvier. M. Kouyaté, premier Africain à la tête de cette manifestation, est l’un des rares professionnels issus du continent à diriger une institution culturelle française. Lui-même pur produit des « Francos », il était précédemment directeur de la scène nationale Tropiques Atrium de Fort-de-France (Martinique). « Ce festival a été déterminant pour mon choix professionnel. Il m’a ouvert à l’Afrique et au reste du monde. C’est ici, et non là-bas, que j’ai rencontré pour la première fois des Africains d’autres pays que le mien », se souvient celui qui venait à Limoges voir jouer son père, Sotigui Kouyaté, resté l’un des plus grands comédiens africains contemporains.

La programmation de la 36e édition, qui s’est ouverte mercredi avec un concert de BIM, un orchestre béninois qui allie musiques vaudou et rythmes hip-hop, s’inscrit dans cette histoire construite depuis trois décennies entre le festival et l’Afrique francophone. Parmi la centaine d’artistes qui, durant onze jours, livreront 27 spectacles, une bonne partie vient du sud du Sahara. Très attendus, Errances, du Burkinabé Auguste Ouédraogo, qui interroge l’épineuse question des frontières, La Fin du monde évidemment, avec les Béninois Alougbine Dine et Rolly Godjo, ou encore Ode à l’amour, avec le Sénégalais Abdoulaye Cissokho. La pièce que présente ce pensionnaire du théâtre Daniel-Sorano de Dakar est imaginée comme un voyage à travers les littératures du continent. Les spectateurs pourront aussi découvrir Cœur minéral, avec les Guinéens Morciré Bangoura et Fatoumata Condé, sur les conséquences désastreuses de l’exploitation minière.

Horizon « Africa 2020 »

« Pour autant, il ne faut pas voir les Francophonies comme un festival africain », se défend Hassane Kassi Kouyaté, qui cherche à porter l’attention sur les créations venues d’Israël ou de Taïwan, du Canada, de Belgique ou de Suisse et, bien sûr, de France. Cependant, les petites précautions de langage du patron des « Francos » peuvent difficilement occulter le fait que l’importance du festival pour les jeunes professionnels africains du spectacle vivant va encore s’accentuer l’an prochain… D’abord parce qu’« une programmation spéciale est envisagée dans le cadre d’“Africa 2020”, l’année de l’Afrique en France, qui arrive à grands pas ». Mais sans doute aussi parce que, d’ici à 2050, le continent comptera plus de 700 millions de francophones potentiels.

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