L’énergie incendiaire de Bamba Wassoulou Groove

Le sextet malien Bamba Wassoulou Groove. © Renaud Barret

Dankélé est le 2e opus de Bamba Wassoulou Groove, un groupe monté en 2013 par feu Bamba Dembélé, pour perpétrer le son du Super Djata Band. Aujourd'hui, c'est Maguett Diop, le percussionniste, qui évoque cette belle épopée.

Si le Bamba Wassoulou Groove a vu le jour en 2013, sa musique est, elle intemporelle, ou plutôt elle enjambe tant d’époques, qu’aucune ne peut la griffer en profondeur. C’est sa force et son originalité.

Les onze plages déterminées et convaincantes de ce Dankélé, deuxième opus du combo, 5 ans après Farima, ne s’embarrassent pas des codes du griotisme, tout en gardant vivace l’esprit des musiques de la sous-région portées par l’incandescence du jeu des cordes et des peaux.

Elles libèrent une énergie incendiaire aux grooves funky et au souffle rock, marqué par une batterie très présente sans pour autant écraser les subtils entrelacs de rythmes et le tissage précis des mélodies.

Dans un puissant et réjouissant jeu d’allers-retours musicaux entre l’Afrique de l’Ouest et le continent nord-américain avec comme fil directeur, comme rail, la gamme pentatonique ; cet ensemble (basse, batterie, percussions et trois guitares), accompagné au chant par Ousmane Diakité, s’inscrit dans une filiation morale et esthétique, celle du Super Djata Band, le groupe de feu Zani Diabaté.

L'héritage du Super Djata Band

"C’est lui qui m’a appris la musique. Nous habitions la même cour à Nyarela, 'le quartier des Autochtones' comme on dit à Bamako" se souvient le batteur qui fit ses premières armes au sein du Super Djata Band. Dès la fin des années 1970,  Zani Diabaté proposa un son original aux musiques modernes d’Afrique de l’Ouest, un son que certains officialisèrent sous le terme en forme d’oxymore, de tradi-moderne.

Ouvert aux soli des guitares électriques et aux rythmiques endiablées des percussions afro-latines (congas, timbales), son combo, le Super Djata dont le nom faisait référence au roi du Manding, Soundiata Keita, est aujourd’hui encore une référence pour nombre de musiciens africains ou pour les amoureux des musiques de cette région du monde.

"C’est Bamba Dembélé (aujourd'hui disparu, ndlr) qui a souhaité en 2013, deux ans après la disparition de Zani Diabaté, initier le Bamba Wassoulou Groove afin que le son du Super Djata soit toujours parmi nous, pour que cette transe dynamique continue de faire danser encore et encore, pour rendre hommage à ce musicien pour lequel nous avions tous le plus profond respect" rappelle Maguett Diop qui a dit oui immédiatement.

Pourtant de nombreuses auditions ont été nécessaires avant de trouver les bonnes personnes, "pas juste de bons musiciens, mais des bonnes personnes surtout quand sur scène, tu as trois guitaristes" souligne le batteur qui depuis Bamako ronge son frein.

Des lives dans la tradition bambara

La tournée qui s’annonçait en mai, juste après la sortie de l’album devait renouer le contact avec le public et les programmateurs européens. Le timing était bon. Enregistré en 2018 au Confort Moderne (Poitiers) à l’issue de la dernière tournée du Bamba Wassoulou Groove, cet album sublime l’esprit de ces lives inspirés de la tradition bambara.

Aux commandes derrière la console au gré des jours off, Benjamin Dupuis et Yorrick Benoist. Ce dernier, à la tête de Run Productions organise entre autres, le calendrier des tournées mondiales du B.W.G., tandis que le premier sonorise depuis 20 ans les concerts de nombre de formations de l’agence artistique, de l’Ethiopien Mahmoud Ahmed au Réunionnais Danyel Waro en passant par les Congolais du Staff Benda Bilili ou la Colombienne Toto La Monposina.

Celui qui se définit avant tout comme africain avant même de se géolocaliser plus précisément est né en 1954 au Mali où son père avait fini par se poser après être parti du Sénégal et avoir séjourné en Guinée. Son prénom signifie sage, le sage en wolof, un qualificatif, une appréciation sur laquelle il ne se prononce pas laissant aux autres le soin de lui attribuer. Ces amis lui offrent ici, comme une longue dédicace, un titre qui porte son prénom. "La première fois que je l’ai entendu j’ai pleuré. J’étais très touché. C’est rare que tes amis te fassent un cadeau de la sorte.".

Bamba Wassoulou Groove Dankélé (Lusafrica) 2020

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