Musique

L’archéolutherie ressuscite les sons

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Entre archéologie, histoire de l’art et artisanat, le métier d’archéoluthier consiste à reconstituer des instruments disparus. Une discipline exigeante, souvent solitaire, pour toucher du doigt le passé de la musique.
par Antoine Gailhanou
publié le 28 avril 2023 à 16h54

D’un placard de son appartement à Nantes, Patrick Kersalé sort un pin (prononcer «peun»), une ancienne harpe khmère du XIIe siècle. L’objet est d’un seul bloc, d’une forme s’apparentant à un iguane avec une longue queue dressée, d’où partent 16 cordes reliées au «dos». Essentiel dans la musique du Cambodge pendant des siècles, l’instrument a disparu au XVIe siècle.

«C’est une proposition de reconstitution, explique le Breton. La forme correspond plutôt bien, mais les pieds ne sont pas authentiques. J’ai mis de la peau de serpent parce que je n’avais rien d’autre, mais on mettait probablement du cerf. Les cordes étaient je pense en soie, ici c’est de la microfibre de nylon.» La description pourrait se poursuivre encore. Depuis 2009, cet ancien ethnomusicologue passé par le Burkina Faso et le Vietnam s’est penché sur les instruments historiques du Cambodge du VIIe au XVIe siècles, pour en proposer plusieurs reconstitutions. On parle alors d’archéolutherie, une sous-catégorie de l’archéologie expérimentale, visant la reconstitution la plus fidèle possible d’instruments anciens et disparus, à partir de toutes les informations disponibles.

Le terme est d’ailleurs discuté, comme l’explique Olivier Féraud, basé à Lyon, spécialisé dans les instruments médiévaux depuis vingt-cinq ans : «C’est un champ encore en construction, je représente seulement la seconde génération. Christian Rault, pionnier du travail à partir de sources archéologiques, refusait le terme d’archéo

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