Idées cadeaux Noël 2019 : entre chanson et musiques du monde, nos cœurs balancent

Véronique Sanson, Alain Bashung, les Rita Mitsouko ou Nougaro ; Rachid Taha, les sons de Cuba ou les riffs du Congo… Passez des fêtes à bon rythme et en chansons.

Par Valérie Lehoux, Erwan Perron, Anne Berthod

Publié le 30 novembre 2019 à 08h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 00h42

Chanson

Oui, Véronique Sanson est bien l’une des plus grandes artistes de la chanson actuelle. Quatre ans après un minicoffret centré sur ses « années américaines » – dont la sortie avait été concomitante de son retour sur le devant de la scène –, celui-ci, bien plus complet, contient l’intégralité de ses albums studio et trois volumes d’inédits. À jamais, la première décennie de sa carrière y apparaît éblouissante autant qu’indémodable. Le génie mélodique allié à la profondeur, jamais pesante, du propos.
• 18 CD, Warner Music, 62,99 €.

L’objet ultime pour les inconsolables : ils retrouveront ici non seulement l’ensemble des enregistrements studio d’Alain Bashung, mais aussi deux CD d’instrumentaux et six (!) autres rassemblant démos, archives, lives, versions alternatives, duos ou raretés en tout genre. Un an après la sortie d’un album posthume, En amont — qui regroupait des chansons que Bashung avait envisagé d’interpréter, puis écartées —, il ne doit plus rester grand-chose dans les fonds de tiroirs… Si une telle somme s’adresse aux fans, elle constituera incontestablement un beau cadeau.
• 24 CD, Barclay/Universal, 91,99 €.

Figure du Paris littéraire et interlope des années 1900, devenue référence poétique et quasi politique pour la liberté de ses amours lesbiennes, la poétesse est ici mise en musique par Pauline Paris. Une relecture de l’œuvre, qui en atténue les noirceurs pour en faire surgir la sensualité lumineuse. C’est à la journaliste Hélène Hazera, grande connaisseuse des créateurs Belle Époque, que l’on doit l’audacieuse entreprise. Nicole G. Albert, autre spécialiste de l’histoire des femmes et du genre, agrémente le tout d’une mise en perspective historique.
• Livre-disque, éd. ErosOnyx, coll. Chansons, 25 €.

Catherine Ringer elle-même a supervisé la conception de ce coffret — dont le contenu réunit l’ensemble des enregistrements du groupe, remastérisés. Les fans apprécieront. Les autres auront l’occasion de regoûter l’ingéniosité d’un duo qui a bousculé les codes de la pop dans les années 1980 et 1990. Un volume de raretés (avec un titre en chinois) agrémente l’affaire. Et un DVD, surtout, proposant d’improbables images des Rita chantant en play-back dans les rues de Moscou en 1988, puis deux ans plus tard dans celles de Bombay. Ça vaut le coup d’œil.
• Coffret 12 CD + 1 DVD, Because, 62,99 €.

C’est l’histoire d’une revanche : à sa sortie, en 1996, l’audacieux Éden avait déconcerté le public avec ses sonorités électro et n’avait finalement pas connu le succès des précédents albums de Daho — période d’autant plus compliquée pour le chanteur qu’une sale rumeur le disait malade. Vingt-trois ans plus tard, Éden ressort en version remastérisée et luxe, avec des inédits, des versions rares et des démos. Quant à Daho, il le chante à nouveau sur scène, au fil d’une tournée où tout le monde se bouscule pour l’écouter.
• 3 CD, Parlophone, 23,99 €.

Retour en fanfare : non seulement il vient de sortir son premier disque solo depuis onze ans, mais celui-ci s’accompagne d’une anthologie regroupant l’essentiel de ses albums (de 1974 à 2014), rehaussés des inévitables « raretés », parfois dispensables mais toujours sympathiques. Où l’on réalise — qui en douterait ? — qu’Alain Souchon enchante nos vies de sa grâce poétique depuis plus de quarante ans, avec une élégance rarement prise en défaut. L’homme qui incarna jadis la « nouvelle chanson française » est bel et bien devenu un classique.
• 16 CD, Warner, 59,99 €.

Une fois ouvert, ce petit coffret se transforme en malle aux trésors, nous propulsant dans l’œuvre foisonnante d’André Popp, compositeur des années 1950 et 1960. On lui doit à la fois des génériques de radio, de cinéma et de télévision (La tête et les jambes, Babar, Colargol…) ; des instrumentaux divers ; des contes pour enfants (Piccolo, Saxo et Compagnie, formidable outil d’initiation musicale). Et des chansons à gogo pour Gréco, Petula Clark, Cora Vaucaire… De quoi réveiller les souvenirs. Si elle est loin d’être exhaustive, cette sélection pop de Popp n’en est pas moins délicieuse.
• 6 CD, Mercury/Universal, 23,99 €.

Vous pensiez avoir déjà toutes les compilations possibles de l’homme à la tête de chou ? Eh bien non ! Celle-ci, qui s’adresse surtout aux exégètes, regroupe des versions rares, inédites, instrumentales ; un volume entièrement consacré à ses nombreux interprètes (Marianne Faithfull, Petula Clark, Alain Chamfort, Dutronc, Bashung, Gréco, Bardot…) ; et un troisième dédié aux musiques de films — tout le monde ne se souvient pas que Gainsbourg avait composé la BO d’une suite d’Emmanuelle. Les plus accros pourront prolonger le plaisir avec un livre du même titre, vendu à part, qui répertorie et contextualise l’intégralité de ses créations.
• 3 CD, Universal Music, 15,99 €.

L’année était trop belle pour qu’on ne le fête pas : 2019 correspond aux quinze ans de sa disparition et au quatre-vingt-dixième anniversaire de sa naissance. Un très joli coffret vient marquer le coup : l’intégralité des enregistrements studio du « petit taureau » (comme il se plaisait à se baptiser lui-même), depuis 1959 jusqu’à l’ultime album de 2004, sorti quelques mois après sa mort. En complément, des captations live, dont un récital avec le pianiste Maurice Vander, qui explose de swing.
• 24 CD, Mercury/Universal, 91,99 €.

Claude Nougaro en concert à Paris, le 23 avril 1969.

Claude Nougaro en concert à Paris, le 23 avril 1969. Jean-Pierre LELOIR/GAMMA-RAPHO

GRANDS CRUS

Jeanne Cherhal, “L’An 40”

Un piano virtuose, l’appui généreux de chœurs gospel, une ampleur musicale un brin vintage et magnétique, des textes profonds, qui évoquent autant la naissance (de son fils) que la mort (d’Higelin), ou ses propres aléas existentiels… L’album le plus puissant de l’année francophone.
• Barclay, 15,99 €.

Diane Dufresne, “Meilleur après”
Après onze ans de silence discographique, la divine diva chante le temps qui passe (elle vient de fêter ses 75 ans), son rapport sacré au public, ses préoccupations, de longue date, pour une Terre en souffrance. Portée par un orchestre, sa voix phénoménale se dote d’une sensualité déchirante.
• GSI Musique, 15,99 €.

Bertrand Belin, “Persona”
Un disque d’une classe absolue, comme souvent avec lui, mais à la poésie plus limpide que de coutume : elle suggère un regard attentif et merveilleusement respectueux sur le monde des délaissés. Le tout servi par une voix aux graves pénétrants, sur des tempos obsédants.
• Cinq7, 16,99 €.

La Grande Sophie, “Cet instant”
À tout juste 50 ans, la chanteuse fait évoluer sa musique, épousant, sans afféterie, l’air du temps post-dubstep. Ses mélodies, composées sur un clavier et non plus à la guitare, impressionnent par leur fluidité. Avec grâce, elle s’essaie même à la fantaisie du parlé-chanté.
• Polydor, 14,99 €.

Pierre Lapointe, “Pour déjouer l’ennui”
De quoi rassurer les amoureux d’une chanson classique : elle n’a rien perdu de sa pertinence quand l’audacieux Québécois (le deuxième de notre top de l’année !) s’en empare. Sur des arrangements de dentelle, il dissèque les emballements d’un cœur libre
– au passage : un duo avec Clara Luciani.
• Sony Music/Audiogram, 16,99 €.

Vincent Delerm, “Panorama”
Du pur Delerm, qui ravira les amateurs. Que les autres, quand même, prêtent une oreille, ne serait-ce qu’au titre Panorama, prolongement très truffaldien du film que le chanteur vient par ailleurs de réaliser : un tableau de nos existences, dans ce qu’elles ont en commun de forces et de fragilités.
• Tôt ou Tard, 14,99 €.

Renan Luce, “Renan Luce”
Le garçon gentillet qui fantasmait sur ses voisines est revenu, différent. Un peu cabossé et les traits tirés, accompagné non pas par un groupe pop mais par un grand orchestre. S’ancrant dans la tradition d’une chanson à la Bécaud ou à la Aznavour pour dire l’implacable froideur des amours défaites.
• Barclay, 13,99 €.

Musiques du monde

L’OK Jazz et son tout-puissant Franco, le mythique Rock-A-Mambo, le Grand Kallé et l’African Jazz… ils sont tous là, ces orchestres trépidants qui ont porté en chansons enjôleuses les indépendances du « Congo-Brazzaville » et du « Congo-Kinshasa » : un témoignage somptueux, avec un épais livret illustré par les clichés de Jean Depara, le photographe des fiévreuses nuits congolaises.
• Double vinyle ou CD, Soul Jazz Records, 25,99 € ou 16,99 €.

Kinshasa, 1962. Franco (1938-1989), à droite avec sa guitare, et son groupe OK Jazz.

Kinshasa, 1962. Franco (1938-1989), à droite avec sa guitare, et son groupe OK Jazz.

Courtesy Estate de Jean Depara - Revue Noire, Paris

L’histoire du son afro-cubain, qui doit son revival au Buena Vista Social Club en 1996, prend racine un siècle plus tôt, dans l’est montagneux de Cuba, où festoyaient ensemble les planteurs blancs progressistes, les mulâtres et les esclaves affranchis. Cette musique créole y a mijoté clandestinement, avant de se répandre après l’indépendance. Trois disques merveilleusement documentés en illustrent l’excellence, des guajiras paysannes (tel Guantanamera) au frénétique son montuno, des charangas cuivrées du Sexteto Habanero à la tendre trova de Los Compadres.
• 3 CD, Frémeaux & Associés, 21,99 €.

Après le Nil et le Mississippi, cette jolie collection remonte le fleuve aux mille affluents. On embarque à Belém, point de rencontre atlantique des cultures des colons, des esclaves
et des indigènes, avec un carimbo de la poignante Dona Onete. Puis l’on s’enfonce dans la jungle brésilienne, entre rituels indigènes et « guitarradas » électrifiées plus urbaines, avant de pagayer gaiement sur la chicha péruvienne de Los Wembler’s de Iquitos. Porté par les guitares andines et des flûtes de Pan, on finit à la source, avec la voix céleste de la Bolivienne Luzmila Carpio, hantée par les ancêtres quechuas.
• Coffret longbox 2 CD, Accords croisés/Pias, 22 €.

Sans Bernard Treton, technicien de Radio France détaché à Kinshasa en 1978, Vincent Kenis n’aurait sans doute jamais produit le premier album de Konono no 1 (le fameux Congotronics) en 2004. Quatre de ses enregistrements pionniers (avec Konono no 1, l’Orchestre Bana Luya, l’Orchestre Bambala et Sankayi), où crépitent les likembés (pianos à pouce) électrifiés, sont aujourd’hui édités sur CD. Sur vinyle, le producteur et DJ Martin Meissonnier s’empare de ces fascinantes mixtures tradi-modernes pour les balancer sur le dancefloor. Un cadeau en transe, au bénéfice de Médecins sans frontières.
• Double vinyle LP + CD Crammed Discs, 20,50 €.

GRANDS CRUS

Rachid Taha, “Je suis africain”
En dehors du morceau-titre, un peu consensuel, cet album posthume qui mêle guitares western et guembri gnawa est à l’image du Taha que l’on adore : ironique et bluesy sous la cuirasse rock’n’roll, bourré de niaque et riche en titres jubilatoires.
• Believe/Naïve, 14,99 €.

Gianmaria Testa, “Prezioso”
Douze chansons minimalistes et murmurantes, souvent inédites, ressuscitent le chanteur italien des paysans et des migrants, dont la tendre voix rocailleuse avait rarement été
aussi émouvante.
• Bonsaï Music/Sony Music, 24 €.

Nola is calling, “Sewing Machine Effects”
Cette bande-son visionnaire de La Nouvelle-Orléans afro-amérindienne oscille entre soul incantatoire et hip-hop de gangsta, avec électro et percussions vaudoues pour pimenter une transe urbaine des plus mystiques.
• Jarring Effects/L’Autre Distribution, 12,99 €.

Blick Bassy, “1958”
Plus épique dans le ton, plus sophistiqué dans le son, le songwriter camerounais creuse le sillon de son folk bassa, usant de son falsetto éthéré sur de somptueuses mélodies pour célébrer les héros de l’indépendance camerounaise.
• Tôt ou Tard, 14,99 €.

Muddy Gurdy, “Hypnotic Wheels”
Le trio auvergnat dépoussière la vielle à roue sur les routes du Mississippi, avec des enfants du hill country blues comme Cédric Burnside : le mélange de tourneries lancinantes, de guitares rugueuses et de chants abrasifs électrise.
• Vizztone, 18 €.

Ustad Saami, “God Is Not a Terrorist”
Ce maître pakistanais chante le khyal médiéval : une musique soufie qui tire plus vers le raga indien que la fièvre du qawwali, mais porté par une sensuelle dévotion, une lente extase que le son roots rend plus prégnante.
• Glitterbeat, 14,85 €.

BCUC, “The Healing”
Dernier volet d’une trilogie hautement vibratoire, nourrie de soul, de slam imprécatoire et de frappes sismiques qui soulèvent les corps et les consciences. Avec, cette fois, le saxo afrobeat de Femi Kuti et le verbe militant de Saul Williams.
• Buda/Socadisc, 15,99 €.

Roberto Fonseca, “Yesun”
Soul vintage et harmonies classiques, cha-cha-cha et santeria… le pianiste cubain agrège toutes ses influences par le jazz, avec une fraîcheur mélodique, une spontanéité de jeu qui embarquent.
• Troisième Bureau/Wagram Music, 16,99 €.

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