Dans un atelier de fabrication d'instruments de musique traditionnels mahorais pour les enfants

Le macheve une fois terminé ©Radio France - A.deLaleu
Le macheve une fois terminé ©Radio France - A.deLaleu
Le macheve une fois terminé ©Radio France - A.deLaleu
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Chronique en direct de l'association Musique à Mayotte, seule école de musique de l'île où plusieurs fois par semaine, des élèves de collège viennent fabriquer des instruments de musique traditionnels mahorais.

Fabrication de 1  rs de la ville de Mamouzdou, l'association Musique à Mayotte a installé ses locaux dans une jolie villa jaune aux portes peintes en rouge. Cette école de musique dispose aussi d’une antenne sur Petite-Terre, la deuxième île habitable de Mayotte, mais reste la seule structure du département à donner des cours de musique. 

Atelier de fabrication de macheve
Atelier de fabrication de macheve
© Radio France - A.deLaleu

A sa tête, Cécile Bruckert, arrivée à Mayotte il y a une trentaine d’années et qui a décidé, avec le soutien de trois autres familles métropolitaines, de fonder cette école il y a 22 ans. L’association propose des cours de musique individuels plutôt classiques dans leur forme, mais depuis peu, elle accueille des élèves de l’île en option musique. Sur le même principe que les classes à horaires aménagés, certains collèges et certaines écoles bénéficient d’un certain nombre d’heures au sein de l’école de musique pour apprendre le chant, les instruments, mais aussi la musique traditionnelle mahoraise et la fabrication des instruments de musique traditionnels de l’île. 

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Cécile Bruckert, directrice de Musique à Mayotte
Cécile Bruckert, directrice de Musique à Mayotte
© Radio France - A.deLaleu

Ce mercredi 9 décembre à Mamoudzou, Musique à Mayotte reçoit une classe de 6e qui se répartit alors en plusieurs ateliers : recherches autour des compositeurs-auteurs-interprètes d’aujourd’hui, un atelier percussion autour d’une musique écrite par un professeur de l’école et un atelier de fabrication de masheve, instrument mahorais. 

La fabrication de A à Z

Sur une grande paillasse, les élèves récupèrent les longues tiges plates d’une plante locale et commencent à tresser des petits ballotins qui seront ensuite remplis de graines du diable, fixés autour d’une ficelle, et accrochés aux chevilles. L’école de musique propose aux élèves de débuter la fabrication dès le début avec la culture des plantes qui servent à la facture des instruments. Dans le jardin, plusieurs plants ont été installés et sont régulièrement entretenus par les enfants. 

Macheve en cours de fabrication
Macheve en cours de fabrication
© Radio France - A.deLaleu

Par exemple, les graines du diable sont récupérées, séchées, triées et mises dans des bocaux pour ensuite servir à la fabrication des instruments comme le masheve. Pour encadrer cet atelier, Cécile Bruckert est aidée par un professeur relais, Anthoumani Rakoto. Musicien et facteur d’instruments, il aide les élèves à les fabriquer et soutient la directrice de l’école dans son envie de faire vivre les musiques traditionnelles. 

On s’est demandé ce que nos petits enfants allaient recevoir comme tradition de chez nous ?

Le musicien et professeur Anthoumani Rakoto et son dzendze.
Le musicien et professeur Anthoumani Rakoto et son dzendze.
© Radio France - A.deLaleu

“Les jeunes s’intéressent de plus en plus aux instruments traditionnels comme le gaboussi, le dzendze…Ils aiment toucher, regarder, essayer de jouer. A un moment on était inquiet : les grands musiciens étaient morts sans transmettre leurs savoirs. On s’est demandé ce que nos petits enfants allaient recevoir comme tradition de chez nous ? Mais là ça va, on voit petit à petit le goût de jouer les instruments de chez nous auprès des plus jeunes.” Anthoumani Rakoto, musicien et professeur à Musique à Mayotte.

Une collection d'instruments traditionnels au sein de l'école

Du côté de l’association, une petite exposition des principaux instruments traditionnels a été montée dans la pièce principale de la villa. Les instruments des différentes familles sont suspendus, certains sont encore joués, d’autres non : “Les trois tambours suspendus par exemple on ne les joue plus, précise Cécile Bruckert, les peaux sont abimées. Avant, on ne savait pas refaire ces peaux utiles aux membranophones, on devait les importer de Madagascar ou de Tanzanie. Désormais, on sait comment les traiter et grâce à deux facteurs d’instruments sur l’île, on peut maintenant fabriquer ces tambours traditionnels."

Un tambour traditionnel exposé dans l'école de musique
Un tambour traditionnel exposé dans l'école de musique
© Radio France - A.deLaleu

L’école va même plus loin dans sa volonté de sauvegarder le patrimoine musical mahorais puisqu’elle a mis en place sur certaines instruments à cordes, des fiches de fabrication accompagnées par des petits films où l’on peut suivre la création en simplifié d’un instrument comme le dzendze ou le gaboussi, avec des croquis.  

La matinée touche à sa fin, les élèves dispersés dans les différentes salles de l’école vont bientôt pouvoir rentrer. Trois animatrices en périscolaire ont aussi assisté ce matin-là à la fabrication des masheve pour pouvoir à leur tour former d’autres élèves ailleurs sur l’île, notamment sur Petite-Terre. Dernier tour dans une classe où un professeur fait entendre sa récente composition autour du coronavirus, une musique qu’un petit groupe d’élèves accompagne avec des mbiwi, deux claves en bambou frappées l’une contre l’autre. Ambiance. 

Une partie de la collection d'instruments traditionnels suspendus dans la grande pièce de la villa.
Une partie de la collection d'instruments traditionnels suspendus dans la grande pièce de la villa.
© Radio France - A.deLaleu

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