Coronavirus : artistes et salariés de la culture lancent un appel au gouvernement

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Coronavirus : artistes et salariés de la culture lancent un appel au gouvernement

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Artistes et salariés de la culture lancent un appel au gouvernement pour que soient prises des mesures urgentes face à la crise économique provoquée par l'épidémie de coronavirus
Artistes et salariés de la culture lancent un appel au gouvernement pour que soient prises des mesures urgentes face à la crise économique provoquée par l'épidémie de coronavirus
© AFP - LOIC VENANCE

Artistes, employeurs et salariés du secteur culturel lancent un appel au gouvernement afin que soient mises rapidement en place des mesures pour sauver l'activité de nombreuses structures. A l'initiative de ce texte, la Fevis qui représente près de 150 ensembles instrumentaux spécialisés.

Le plan d'aide du secteur culturel annoncé par le ministre Franck Riester n'a pas permis de calmer les inquiétudes des acteurs du milieu. A l'image de bon nombre de secteurs économiques touchés de plein fouet par l'épidémie de coronavirus, artistes, employeurs et salariés de la culture, public comme privé, lancent un appel au gouvernement pour que des mesures de sauvegarde des emplois et des trésoreries soient rapidement appliquées. 

Le 18 mars , Franck Riester annonçait un plan d'aide d'urgence de 22 millions d'euros pour la culture, dont 10 millions pour la musique. Cette enveloppe de secours est abondée et coordonnée par le Centre national de la musique, auquel se sont associés la Sacem (gestion des droits d'auteur), et les deux sociétés de gestion des droits des interprètes l'Adami et la Spedidam à hauteur de 500 000 euros chacun. 

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Un fonds d'aide qui ne "répond pas à l'ampleur des difficultés", comme le souligne cet appel lancé à l'initiative de la Fédération des Ensembles Vocaux et Instrumentaux Spécialisés (Fevis) et plusieurs directeurs artistiques d'ensembles adhérents. Louis Presset, le délégué général de la Fevis, salue la rapidité de la mobilisation du CNM mais reconnaît que l'aide débloquée est très loin d'être suffisante.

Selon le Prodiss, syndicat national du spectacle musical et de variété, le préjudice pour le secteur privé s'élève à 590 millions d'euros de pertes de chiffres d'affaires. Le fonds d'aide du CNM provient d'ailleurs de son propre budget de fonctionnement, et non pas de l'Etat. « On se demande comment le CNM va pouvoir proposer plus » s'interroge Louis Presset. 

Trouver des solutions pour les intermittents

Pour le délégué général de la Fevis, qui représente près de 150 ensembles instrumentaux spécialisés, l'urgence est de trouver une solution pour les intermittents du spectacle et les CDD d'usage, régime auquel appartient la plupart des artistes engagés dans les ensembles adhérents de la Fevis. « Nous demandons urgemment que tous les salariés en CDD d'usage, intermittents ou non, puissent bénéficier des mesures d'activité partielle prises par le gouvernement » plaide Louis Presset_. _

Le délégué général reçoit des dizaines d'appels téléphoniques par jour de la part de directeurs d'ensemble ne sachant que faire. « Alors qu'arrive la fin du mois de mars et des fiches de paie, les ensembles sont tous très inquiets. Soit les ensembles ne paient pas leurs artistes pour les concerts annulés et peuvent espérer s'en sortir tout en mettant de nombreux artistes sur la paille, soit les ensembles paient les cachets et prennent le risque de faire faillite. A l'heure actuelle, il n'y a toujours pas de solution » déplore Louis Presset.

Pour l'instant, les ministères de la Culture et du Travail ont annoncé que la période de confinement ne serait pas prise en compte dans le calcul des droits pour les intermittents du spectacle.

Quid des subventions publiques ? 

L'autre urgence, c'est la crainte que l'Etat et les collectivités territoriales ne versent pas rapidement et en intégralité les subventions acquises pour l'année 2020. Des sommes vitales pour la plupart des ensembles instrumentaux du pays. « Nous avons peur que dans ce contexte particulier, les collectivités reviennent sur leur engagement. Nous sommes habitués au fait que l'Etat ou les collectivités mettent parfois du temps à nous verser ces subventions, qu'ils les versent en plusieurs fois. Pour sauver notre secteur, il faut que cet argent arrive rapidement, sans aucune baisse et surtout que les subventions soient maintenues même si les projets artistiques ont été annulés » déclare Louis Presset. 

Autre crainte du délégué général, que le fondations d'entreprises et les mécènes privés - dont la santé économique est immédiatement mise en danger - se désengagent eux aussi. Le délégué général donne l'exemple de quelques ensembles qui avaient monté d'ambitieux projets artistiques, avec une tournée internationale, à hauteur d'un million d'euros, une « somme énorme pour notre secteur ». Louis Presset réclame également la mise en place d'un fonds de secours pour tous les frais déjà engagés : réservations de billets de train, avion, hôtel, location de salles pour les répétitions, etc. 

« Notre secteur a toujours eu une économie très fragile. Les ensembles français sont pour beaucoup dans le rayonnement culturel du pays à l'étranger » explique Louis Presset, qui se félicite de l'esprit d'unité et de solidarité qui domine dans le milieu de la culture. « Tout le monde à son niveau joue le jeu, que ce soit dans le privé ou dans le public. C'est assez extraordinaire de voir que tout le secteur s'est mobilisé aussi rapidement et d'avoir pu faire signer cet appel aussi rapidement ».  

**L' appel des artistes et des salariés du secteur culturel au gouvernement **dans son intégralité : 

Emplie d’incertitudes, touchant désormais notre société dans sa globalité, une longue bataille contre le Covid-19 vient de commencer. Depuis le début de cette crise, le monde culturel est, à l’instar d’autres secteurs, touché de plein fouet. Nous, artistes, directeurs d’ensembles, de compagnies et de structures, pouvons dire sans détour qu’une immense partie de nos collègues, institutions, salles, festivals et professions affiliées est aujourd’hui menacée de banqueroute, en raison des innombrables concerts et représentations annulés jusqu’à nouvel ordre pour des raisons sanitaires évidentes.

Très attentifs aux discours et orientations du Président de la République et du gouvernement, nous appelons de nos vœux pour le secteur culturel une réponse collective, juste, solidaire et coordonnée. A l’urgence s’ajoute la nécessité d’une totale préservation de nos compétences, de nos savoir-faire, en protégeant dès aujourd’hui nos structures face au risque de disparition pure et simple. Le souci de l’unité et de la solidarité doit guider la prise de décision, tout comme celui de la préparation de l’avenir, un avenir où la présence et la force de l’art seront plus que jamais nécessaires.

Dans ce climat anxiogène pour tous les maillons de la filière, les mesures de prise en charge de l’activité partielle annoncées par votre gouvernement pour l’ensemble des secteurs économiques nous semblent être l’unique boussole, quand bien-même nos situations administratives et financières divergent.

Le ministre des comptes publics, dans ses annonces du 19 mars, s’est voulu rassurant pour tous nos salariés, promettant qu’ils seraient payés. Mais beaucoup de nos structures, dont les revenus ont disparu du fait de l’annulation des manifestations, n’ont pas la solidité financière pour assumer cette indemnisation. 

Nous demandons donc expressément le bénéfice du régime de l'activité partielle pour nos artistes et salariés engagés en CDD d’usage.

Ce principe d’une règle unique, solidaire, épousant les mêmes conditions que celles offertes aux salariés des autres secteurs, nous semble la réponse équitable et juste pour protéger nos salariés les plus précaires et ainsi préserver la vie culturelle de notre pays.

Nous sollicitons également la mise en place d’un dispositif de soutien au spectacle vivant qui vienne indemniser les pertes sèches subies par les organisateurs, producteurs et diffuseurs. A cet égard, le fonds de secours annoncé par le ministre de la Culture Franck Riester ne répond pas à l’ampleur des difficultés.

Qui plus est, nous demandons le maintien et le versement rapide des subventions acquises en 2020, des crédits d’impôts 2019 et la mise en place immédiate d’emprunts à taux zéro pour les structures dont les trésoreries ne permettent pas d’honorer les paiements.

Aux côtés des artistes et des salariés, nous soutenons pleinement le travail effectué en ce moment même par les organisations syndicales et professionnelles pour garantir le maintien des droits des intermittents du spectacle.

L’application de ces dispositifs permettra à chaque structure, à chaque acteur, petit ou grand, subventionné ou non, de se remettre au travail dans la sérénité, sans ajouter de la détresse humaine et de la complexité administrative à la problématique économique.

Avec votre concours, nous resterons pleinement mobilisés pour préserver la force de la création artistique française.

Premiers signataires : 

Samuel Achache · Paul Agnew · Bruno Allary · Jean-Marc Andrieu · Jean-Marc Aymes · François Bazola · Jean Bellorini · Simon-Pierre Bestion · Louis-Noël Bestion de Camboulas · Frédéric Bétous · Amandine Beyer · Gilbert Bezzina · Margaux Blanchard · Sébastien Boin · Florence Bolton · Catherine Bolzinger · Bruno Bonhoure · Emmanuel Bonnardot · Yoann Bourgeois · Guillaume Bourgogne · Anne-Catherine Bucher · Paulin Bündgen · Pauline Bureau · Gonzalo Bustos · Jeanne Candel · Gautier Capuçon · Renaud Capuçon · Louis Castelain · Marie-Bernadette Charrier · Yves Chauris · Julien Chauvin · William Christie · Hélène Clerc · Luc Coadou · Franck-Emmanuel Comte · Nicole Corti · Bertrand Cuiller · Daniel Cuiller · Laurent Cuniot · Sebastien D’Herin · Sébastien Daucé · Stephanie-Marie Degand · Mara Dobresco · Amaury Du Closel · Vincent Dumestre · Florent Fabre · Johan Farjot · Fernando Fiszbein · Olivier Fortin · Sébastien Fournier · Céline Frisch · Stéphane Fuget · Héloïse Gaillard · Leonardo Garcia Alarcon · Claire Gibault · Maude Gratton · David Grimal · Gabriel Grosbard · Antoine Guerber · Damien Guillon · Benoît Haller · Emmanuelle Haïm · Roland Hayrabedian · Christian Hecq · Pascal Hellot · Philippe Herreweghe · Clément Hervieu-Léger · Geoffroy Heurard · Hélène Houzel · Albane Imbs · Daniel Isoir · Els Janssens-Vanmunster · Gaétan Jarry · Geoffroy Jourdain · Alice Julien-Laferrière · Lucien Kandel · Yoko Kawakubo · Bruno Kele-Baujard · Alexis Kossenko · Françoise Lasserre · Raoul Lay · Benjamin Lazar · François Lazarevitch · Brigitte Lesne · Valérie Lesort · Khaï-Dong Luong · Bruno Mantovani · Valentine Martinez · Arnaud Marzorati · Marc Minkowski · Caroline Mutel · Hervé Niquet · Marie-Paule Nounou · Erik Orsenna · Judith Pacquier · Thierry Pécou · Benjamin Perrot · Arnaud Petit · Robin Phari · Raphaël Pichon · Marianne Piketty · Christina Pluhar · Johannes Pramsohler · Gildas Pungier · Agnès Pyka · Pierre Louis Rétat · Jérémie Rhorer · Jean-Paul Rigaud · Myriam Rignol · Yann Robin · Mathieu Romano · Léna Rondé · François-Xavier Roth · Christophe Rousset · Valerio Sannicandro · Daniel San Pedro · Jean-Philippe Sarcos · Sylvain Sartre · Skip Sempé · Nicolas Simon · David Stern · Joël Suhubiette · Cyril Teste · Arnaud Thorette · Valentin Tournet · Pablo Valetti · Thomas Van Essen · Pauline Warnier · Léo Warynski · Julien Wolfs · Zahia Ziouani

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