Avant l’indépendance la Côte d’Ivoire peinait à dessiner son identité sonore. La musique que l’on y entendait venait surtout de quelques pays voisins, le Ghana, Le Congo ou le Nigéria voir de Cuba, pays vers lequel se tournait de nombreux états d’Afrique de l’Ouest dans la perspective de rompre avec le colon français.
Mais le 7 août 1960, jour où le pays s’envole officiellement de ses propres ailes, après le discours du futur président Félix Houphouët-Boigny, l’entonnement de l’hymne national et le tonnerre provoqué par 21 canons, un jeune chanteur entre en scène au centre culturel de Treichville et pose les bases de la musique ivoirienne contemporaine.
Avec l’orchestre Ivoiro Star, qu’il a monté pour l’occasion, Nahounou Digbeu Amédée dit Amédée Pierre chante en langue bété des histoires à caractères proverbiales sur des rythmes inspirés par la tradition revus et corrigés au goût électrique de l’époque. Son succès est immédiat et conforte la décision de cet ancien infirmier de s’être lancé dans une carrière musicale et ne sera plus démenti jusqu’à la fin de sa vie en 2011. Surnommé le dopé National, terme bété pour rossignol, Amédé Pierre fut aussi celui qui, en s’insurgeant que les droits d’auteurs n’étaient pas respectés dans son pays, fut à l’origine de la création du Bureau ivoirien du droit d’auteur.