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critique

Bantou Mentale, prolos bruts de décoffrage

Autour du producteur Liam Farrell et du batteur congolais Cubain Kabeya, le combo délivre une fusion entre funk et punk, sans artifices.
par Jacques Denis
publié le 1er décembre 2019 à 17h31

«C'est un groupe un peu taré qui aurait pu exister en 1978, le croisement de cultures dans un flux urbain qui accouche d'une aventure vers une musique de l'ailleurs. Rien à voir avec les clichés ethno-touristiques.» Plus connu sous le nom de Doctor L, Liam Farrell n'a toujours pas poli sa parole. Ni le son - entre funk futuriste et post-punk - qu'il triture jusqu'à la saturation, à des encablures «des truc bien léchés, pensés par des directeurs artistiques». C'est tout l'à-propos de ce combo qui l'associe à de vieux amis, le batteur ambianceur Cubain Kabeya - un pur de Kinshasa qui fut des délires tradi-modernes de Liam au sein du terrible Mbongwana Star - et le guitariste franco-congolais Chicco Katembo, ex de la galaxie Staff Benda Bilili. A cette rencontre du troisième type, s'ajoute la voix d'Apocalypse, un élève de l'orchestre Koffi Olomidé. «En plus de la musique, ces gars-là peuvent faire des chantiers. C'est la working class, pas les branchés. Ils vivent dans un monde parallèle, ici comme là-bas. Un peu à l'image de ce groupe alien», reprend le producteur désormais installé à Dakar qui laboure les pistes africaines depuis déjà un bail. Cela fait quatre ans que Bantou Mentale, un nom en hommage aux Pygmées «menacés par la déforestation», est sorti de terre, avec pour base la station Château-Rouge, quartier parisien qui rappelle celui de Matonge à Kinshasa. «Il y a des petits maquisards et des bars, des sapeurs et des voleurs, des mamans qui gèrent le business et la police qui est entrée dans le jeu, sourit Cubain. C'est toute une faune avec une incroyable énergie.» Celle-là même qui booste la transe, souvent tellurique parfois ésotérique, de ce projet hors zone de confort.

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